Archives de catégorie : Revue de Presse

Sous l’étoile du jour

Note de Marie-Claude San Juan

Je viens de recevoir trois livres de cette belle édition, Rosa canina, dont j’aime, déjà, le nom, pour la rose censée calmer les rages, comme l’écriture qui peut être un exercice intérieur afin de créer le philtre capable à la fois de déchiffrer les rages enfouies dans l’inconscient, les ombres à transformer en leur contraire. Nom d’alchimistes, donc. Et cela convient aux auteurs des livres reçus.

Celui de Michel Diaz, Sous l’étoile du jour.

Lire ci-dessous la présentation. Poète dont j’ai lu plusieurs recueils et que je compte parmi les plus importants dans mon Panthéon personnel. (Voir sur mon blog Trames nomades, tag à son nom ou recherche dans la catégorie « recensions », mes notes de lecture de ses livres, plus, lecteurs de la revue À L’Index 46, dernier numéro – j’y reviendrai – une note papier…). Dès que possible ce dera fait pour cet ouvrage aussi (pas tout de suite, car « enfouie » dans un chantier de lectures-écritures très très prenant). La lecture, elle, n’attendra pas.

Les deux autres recueils sont de Teo Libardo. Lecture qui était programmée depuis que j’avais lu un superbe poème de lui dans la revue L’Intranquille, un numéro où nous partagions des pages. Lenteur et retard, mais c’est là. Deux titres.

Il suffira, et Là où germent les mots.

De ces recueils aussi lecture très attentive sera faite, et notes.

En commentaire, lien vers un post sur Teo Libardo et Il suffira.

#poésie#MichelDiaz#TeoLibardo#Rosacanina

….. Rosa canina éditions……..

PARUTION – « Sous l’étoile du jour » de Michel Diaz vient de paraître chez Rosa canina éditions, avec une préface d’Alain Freixe. Nous nous réjouissons de cheminer quelque temps ensemble.

Mû par l’incertitude, un pas lent progresse cependant, assuré, solitaire et continu, « Sous l’étoile du jour ». De cette traversée de paysages et éléments anthropomorphiques, des sensations ineffables affluent, avivées et distinctes. La prose poétique de Michel Diaz interroge nos territoires vécus, affine une carte mentale de l’humain.

Le recueil est disponible à la commande sur

www.rosacaninaeditions.jimdofree.com

ou auprès de votre libraire préféré

12×18 cm, 94 pages

prix public : 20 €

Peut être une image de 1 personne et texte qui dit ’MICHEL DIAZ Sous l'étoile du jour poésie le qui s'en vient passe, guidé par une étoile orientée 'aire cendre, une source d'eau introuvable, plus froide que la voix d'une flûte pierre, silence plus silencieux que uit dans les veines, poussé devant derrière, basculé entre une minute braise une autre de neige inclémente, balancé lo corde des heures, les cils lourds de poussière, cœur plus assoiffé que l'herbe www.rosacaninadition.jindofe.com’

Rosa canina éditions  · PARUTION – « Sous l’étoile du jour » de Michel Diaz vient de paraître chez Rosa canina éditions, avec une préface d’Alain Freixe. Nous nous réjouissons de chemine… Voir plus

Quelque part la lumière pleut

Note de lecture de Gérard Bocholier, publiée in Arpa N° 137-138 (oct. 2022)

Michel Diaz, Quelque part la lumière pleut : des jours et des jours, que les mois de confinement de 2020 ont rendus tous pareils, ou presque. Mais, il y a eu aussi « le chant d’un merle dans un arbre du jardin, la fuite des nuages, le bleu de l’impossible. » Le poète monologue et se regarde dans cette existence resserrée, dans ce présent trop immobile. Il se parle et nous confie ses angoisses, ses menues pensées. Et nous nous y reconnaissons, tant il a le don de toucher à la fois au plus personnel et au plus universel.

(…) tu comptes sur tes doigts les jours de la semaine, ces quelques-uns qui te séparent de tu ne sais quoi, tandis que les geais vocalisent, cachés dans un fourré, qu’une alouette chante, que tu cherches là-haut, confondue avec le soleil, essaies de voir avec des yeux d’enfant tout obscurcis de ciel, et qui redescendra ce soir parmi les pierres.

G. Bocholier

Quelque part la lumière pleut, lecture de Gilles Lades

Quelque part la lumière pleut

Michel Diaz

Editions Alcyone, 2022

Lecture de Gilles Lades, note de lecture publiée in Verso N° 191, juillet 2022

         Le poète, au seuil de la nouvelle page et du nouvel ouvrage, pense au lecteur, « inconnu aveugle qui est là et attend ». Poète et lecteur sont initialement pris dans des sortes de limbes dont seul l’acte téméraire d’écrire permettra de sortir. Un nouvel ouvrage est l’occasion de défier « l’étrangloir » où toute voix se brise.

         Le premier mouvement, « Dans l’incertain du monde », ne sera que vie revécue et interrogée, épreuves à sonder et à surmonter. En ce point, en ce lieu, le poète est un homme noué, seul, avide du « lin blanc des paroles », mais menacé par un « grand pin rougi de foudre ». Pourtant, au moment d’une possible rupture, viennent des images de matin ouvrant sur « un passage étroit entre ciel et pénombre ». Alors se dessine le souvenir de la mère, accompagnée sur le chemin de sa solitude. Les pages qui suivent sont toutes d’absence, d’accablement, le temps d’attendre et d’accepter qu’ « un nouveau jour se lève ».

         Des mots prennent un relief particulier : « voix », « rien », et chacun d’eux relance la parole et la texture des images. Le poète cerne ce qu’est l’obstination à vivre, ce qu’est la saisie du sentiment de l’existence. De nombreuses et obsédantes anaphores répondent à cette pulsion de dire. Le mouvement enclenché va à son épuisement, à son apaisement de vagues. Et le propos passe de l’adhésion anxieuse ou plénière au monde (« tout sentir, de toutes les façons, à petits traits, par intervalles ») au regard aigu posé sur soi : « Tu vis du sentiment que tu n’es rien aux yeux indifférents du monde, que l’ombre d’une silhouette qui t’effraie ». Le monde, notons-le, est aussi la planète actuelle en péril : « Ces temps veillent en pleurs au chevet de la vie unanime ».

         Dans le second mouvement, « S’essayer à vivre plus loin », le poète prend le parti de l’affrontement : « Pas qui gravit, marque sa crête pour ne pas descendre au ravin ». En son cœur, cette marche est la capacité à ne plus même viser un but, mais à se prouver qu’aller vaut de soi, par soi. Etre et d’abord vouloir être.

         Après ce temps d’âpreté, vient l’apaisement, l’immersion dans un monde fraternellement uni au poète : « Cette lumière, comme un chaleureux battement de poitrine ». Le poète appelle de ses vœux « un cœur capable d’occuper à lui seul le silence quand tout bruit sera consommé ». L’auteur dégage une leçon de sa déambulation inspirée : se scruter revient à scruter le monde, l’un rend capable de l’autre.

         Et le poète termine ce second mouvement en consentant au silence, pas le silence abstrait d’un regard perdu à l’infini, mais le silence qui sonde l’instant présent au pied du ciel étoilé, non sans quelque amer arrière-plan, « comme brûle un rosier noir qui a pour fleur l’éternité ».

         Lorsque s’ouvre la troisième partie, « Travailler à l’offrande », le poète est affronté « à la peine, au doute et à la mort ». Il se livre, « comme une branche dans le feu », non sans risquer autour de lui des regards de sauvegarde afin de rassembler les bribes de tout ce qui fait sens. Il dessine sa renaissance « pour le seul bonheur de survivre à la misère du renoncement ». Insensiblement, il se coule dans le renouveau des choses. Son désir est « le jour le plus simple ». L’avoir désiré le rend réel. Le poète sait gré à ce « miracle d’une allégresse ». « Offrande » est le mot répété de la fin, offrande le rassemblement de ce qui fait monde autour de l’épreuve et de la grâce de vivre. Grâce qui n’a pas de meilleure image que la lumière, mise en exergue par le titre, extrait du recueil « Triptyque », de Silvaine Arabo.

Gilles Lades

Quelque part la lumière pleut, lecture de Michel Passelergue

« Rien ne pouvait mieux m’apporter réconfort – en ces temps singulièrement sombres – que ce merveilleux poème-fleuve « Quelque part la lumière pleut ». Dans le droit fil de plusieurs livres qui m’avaient profondément touché (« Comme un chemin qui s’ouvre », « La source, le poème »…) vous nous livrez là un ensemble admirable voué tout entier à « l’inépuisable éloge des eaux vives ».
Quelques méandres de ce long parcours éveillent des souvenirs de lecture (les pièces publiées dans le « Concerto… » de Colette Klein, notamment). Je crois qu’une lecture continue, d’une seule traite, serait nécessaire pour rendre justice à l’ampleur d’un tel poème, foisonnnant en même temps que porté par un courant tranquille (ceci ne m’a pas été possible dans les circonstances et préoccupations de ces dernières semaines).
Charriant des images qui vous sont familières (les arbres, les oiseaux – dans leur vol ou leur chant), le flux poétique est porté par un élan toujours réactivé au sein des ondes et des songes. Si l’ensemble conserve je ne sais quoi de nocturne (comme si le rêve affleurait dans les remous et les réminiscences), c’est bien à une lumière espérée, à une aube bruissante de mots qu’il nous mène, où nous n’aurions pas cru pouvoir accéder. Cette lumière du matin qui tombe sur les arbres, ceux-là qui savent recueillir « le fragile butin de la fraîcheur des choses ».
Je me réjouis de constater que vous avez pu, malgré tout ce qui s’oppose, depuis deux ans à la création la plus exigeante, publier cet impressionnant monologue qui se place bien au-dessus de ces « poèmes du confinement » qui encombrent aujourd’hui les revues.
La très belle édition due à Silvaine Arabo fait honneur à Alcyone – que je connais par plusieurs recueils de Jean-Louis Bernard.
[…] »
Michel Passelergue, Paris, 13 avril 2022