Silvaine Arabo – deux poèmes inédits

Tu voudrais aujourd’hui
que de la psalmodie des cendres
renaisse un oiseau léger
que la syllabe habitée
de nouveau vibrante
fasse éclore sur le sang
des roses de neige


Tu voudrais relire le passé
à la lueur des signes
posés à présent comme des vagues
sur le manteau
à double-face de ces vagues
des orgues vibrantes
dans de longues nuits obscures


Ainsi voudrais-tu témoigner
à travers les jours qui courent
vers leurs sommets splendides
et leurs proues rauques
de marins féroces
et leurs lunes désertées
roses à l’envers


Ainsi voudrais-tu dire
ces voix jadis familières


en un abîme
perdues


afin que puisse éclore

vertige oublié –

Le chant des Transparents.

* * *


Dans l’air léger le vent du soir
Ces brassées de verveine
Ces pics d’aube où des lacis laborieux
Transbordent la mer


Dans l’air léger le vent du soir
Les prairies bleues dessous la lune
Tu piques d’ailes
Dans les eaux vertigineuses du verbe


Mais tes Corées pâles d’après-midi
Cette émotion diffuse qui doucement t’habite
Mais ces velours ténus et poissonneux
Des algues souterraines


S’émeuvent
Je sais


De cette éternelle solitude

immense vertige qui saisit nos nuques –
En dépit du vol impassible
Des grands oiseaux marins.

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