Michel Diaz, deux textes sans titre extraits de la suite Dans l’inaccessible présence (inédit) , publiés dans les numéros 12 et 13 de la revue Lichen.
Tous ces mots
la plupart inutiles
Juste pour déplacer
l’ombre un peu
l’ombre trop lourde
qui écrase
Juste pour avancer
un peu plus vers là-bas
sur un chemin d’abîme
Juste pour
essuyant la vitre et
la glace sans tain des années
entrevoir la clarté du fanal
dans la chaleur duquel
comme une flambée brève
un fagot de sarments
a brûlé la maison
de l’enfance
* * *
Nuit trop lucide
La vie bat
sous l’écorce des heures
Elle bat
simple à fleur de temps
et s’use lentement
s’éloigne à pas de neige
La mémoire
est une chemise froissée
longtemps portée
et qui encore le sera
jusqu’à la déchirure
Mais voilà la nuit
qui s’écarte un peu
pour nous laisser passer
nous laisser retrouver
la première étoile du jour
et le chemin de l’aube
Quand la rumeur
du monde nous rejoint
nous regardons monter
la flamme du soleil
et nous étonnons d’être encore