Quelque part la lumière pleut… Ce titre, dont les mots sont empruntés à un poème de Silvaine Arabo, pourrait résumer ce qui donne sens au projet poétique et à la démarche de vie de l’auteur, balisés ici par les trois sections du recueil, Dans l’incertain du monde, S’essayer à vivre plus loin, Travailler à l’offrande. Par-delà ce qui pousse le poète, dans le même mouvement, à creuser les chemins de son intériorité et interroger le réel du monde, ces poèmes, pour la plupart « nés du confinement », sont aussi un regard sur ce monde, tel que la déraison humaine nous l’a fait, qui s’emploie un peu plus chaque jour à le rendre un peu moins habitable. Démêler ombres et clartés de l’être se double, dans ces pages, du questionnement inquiet sur ce crépuscule qui nous menace. Mais au rebours de toute obsession existentielle qui ne cultiverait que ses incertitudes ou ses craintes, ils constituent l’arrière-plan sur lequel constamment s’expriment le combat pour gagner la lumière, la foi dans la beauté des choses et ce qui vaut que l’on chemine (même si désespérément parfois) dans l’amour obstiné de la vie dont la poésie renouvelle toujours la présence. Michel Diaz
Chronique publiée dans Diérèse N° 85, octobre 2022
Jean-Pierre Boulic nous revient, avec ce nouvel opus, A la cime des heures, composé de quatre sections, Lieux, L’heur de patience, L’étincelle d’un rien, Bénir le temps. Prenant pour premier point d’appui les éléments du paysage dans lequel vit quotidiennement le poète (l’océan, ses marées, ses oiseaux et ses horizons),et tous ceux qui nourrissent ses yeux (les bruyères, l’herbe charnue, le cerisier sauvage, le vieil arbre veilleur, la mare de nénuphars, et les primevères, pivoines, lilas ou hortensias), ces quatre sections solidaires, qui se fortifient l’une l’autre, montent en un lent crescendo vers des considérations spirituelles qui touchent au mystique, sans jamais renoncer cependant à faire monde avec le monde ni céder à quelque discours qui prétendrait donner au lecteur de ces pages quelque leçon de vie ou de pensée. Avancer en poète suffit à la démarche de Jean-Pierre Boulic, « quêteur inlassable de signes », comme l’était Philippe Jaccottet selon Pierre Tanguy, et modeste interprète-passeur d’une infinie présence d’au-delà le regard.
J’écrivais « nous revient », car dans le cercle de l’affection poétique où nous tenons l’œuvre de cet auteur, c’est-à-dire en très bonne place, il est comme le messager dont on sait qu’il va revenir pour nous donner quelques bonnes nouvelles du temps et du monde. Et ce monde va mal sur son orbite désaxée. Nous le savons tous, comme Jean-Pierre Boulic le sait. Et si le nous considérons à l’aune des nouvelles quotidiennes alarmantes que l’on nous en donne, de ce que l’on augure des désastres à venir, ce monde ne serait rien moins que désespérant et de moins en moins habitable.
Tout aussi bien que nous, Jean-Pierre Boulic sait bien que nous vivons sur terre comme en un pays tortueux / – Un grand terre-plein / De serpents / Et de cœurs abîmés / Par les cris de souffrance –. Il y vit, comme nous y vivons, Sans ignorer la souffrance / Surprenante / Dévalant de ses mille souillures / Sur l’étroite margelle où se tient l’homme. Cet homme, dont la mer et le vent connaissent la faiblesse, Les méandres et souillures de l’âme, le fracas des blessures et les mille douleurs qu’infligent les jours sombres, les tourments de l’esprit et du cœur. Mais le poète nous confie, dans la présentation de son ouvrage : «Faut-il toujours entendre que le monde court à la catastrophe ? S’il est vrai qu’il est soumis à la violence, aux pressions du consumérisme, au laisser-aller de l’indifférence, à la confusion et à la rugosité des événements, il demeure néanmoins en attente d’une parole de confiance qui, sans ignorer aspérités et souffrances, suscite la vie. Cette vive parole surgit à la cime des heures et peut devenir art du temps » (« Pourquoi j’ai écrit ce livre », in Ecritures et Spiritualités).
Car Jean-Pierre Boulic est de ceux qui refusent de baisser la garde, n’ayant pourtant pour seule et unique arme celle que nous donnent la parole et la hauteur du cœur. Et il ajoute, dans le même texte de présentation : « Il s’agit alors de découvrir, voir, sentir, toucher, contempler la profondeur du mystère de l’existence que l’humble parole de la poésie peut apprivoiser pour susciter au monde un choix de liberté et de dépassement. Ce recueil, écrit d’une veine simple et fraîche, ouvre à l’âme un passage et donne en partage au lecteur l’enchantement « d’un chemin de simplicité » aux couleurs d’un Finistère intime. »
Voilà qui donne, en quelques mots, la couleur, le ton et l’ambition de ce recueil dont il faut dire, avant toute autre chose, qu’il saura, d’un bout à l’autre, s’accorder à ses intentions et tenir ses promesses.
« L’humble parole de la poésie », Jean-Pierre Boulic en sait le prix car, comme en tout art, l’apparente simplicité est le fruit qui se gagne dans la longue expérience de sa pratique, dans la patience et le secret du très persévérant travail. Si Guillevic comparait volontiers son « métier » de poète à celui de l’humble menuisier, Jean-Pierre Boulic préfère, quant à lui, le comparer à celui du potier. Poète-artisan, en effet, est ce Potier de la lumière / Aux mains légères, qui pétris et façonnes les corps les jours / De ton désir d’aimer / Dans un geste qui accomplit / L’élan de la création.
Potier, sans aucun doute, et le poète reviendra sur cette image à plusieurs endroits du recueil : Tu es ici / Potier des mots / Sous la lampe de l’âme / Façonnier du poème. Mais le geste attentif des mains, au sein même du texte dont nous venons de citer quelques vers, se trouve étroitement associé à l’idée de « souffle » (dont nous retrouverons aussi ailleurs bien d’autres occurrences) : potier est le poète, Tirant de rien choses petites / (…) Par toute l’argile de l’âme / En minces litanies / Où se penche le souffle / D’une infime brise de terre. Souffle d’une brise qui inspire la voix du poète, qui lève les cris invisibles de moineaux, qui écoute / Le sourire de l’ange, Propage l’éternel / Au ras de terre et ruisselle au verger des heures. Souffle encore, léger, dont l’herbe se dégourdit les yeux et qui murmure la souffrance de l’Amour de ne pas se croire aimé. Et quand s’affiche la beauté / De cette terre, que sur la page blanche, vierge encore de mots, Ton vécu devient souffle, ce souffle-là, c’est celui du poète, qui anime ses mots dans la forge de sa parole et qui sent s’en venir un souffle / Avec la haute mer. Mais c’est d’abord, et avant tout, celui du Verbe, souffle de vie par lequel Dieu, ce Potier souverain, ayant pétri la glaise entre ses doigts, ayant soufflé sur elle, anime les êtres vivants, exprime sa présence et sa puissance vitale dont le poète se doit de rendre compte, à sa mesure, en en témoignant par ses mots, par le si peu de pouvoir dont il les sait capables mais s’efforce de leur donner : Quel miracle / Quelle rencontre aveugle / D’inattendue présence / Se glisse en louange / Au souffle juste / De ton verbe pauvre.
Car Jean-Pierre Boulic sait très bien encore que c’est dans l’humilité de sa pratique poétique, dans ce patient et obscur pétrissage du verbe qui ne prétend à rien autre chose que chanter la beauté du monde, rendre grâce au miracle de l’existence, que se trouve la pure vérité du cœur, sa véritable dimension d’amour qui fait la vraie vocation d’homme. Potier ou forgeron, il lui faut Travailler / Dans l’effort / Sur l’enclume de papier / Des ébauches de mots / Et de vie. Quoi qu’il en soit, le travail humble du poète, tel que celui-ci le conçoit, c’est inlassablement traquer, dans la présence des êtres et des choses, au ras de l’herbe, à fleur d’écorce, L’étincelle d’un rien qui Enchante les lueurs du matin, et creuser la voix du silence / A la source des mots. Minces en effet sont les sujets dont Jean-Pierre Boulic fait poème, de grande légèreté toujours et de fragilité extrême : une sente que foulent les pas, un rayon de lumière sur le feuillage, une bergeronnette sur une branche de sureau, des abeilles sur les bruyères, les couleurs du genet… Il ne lui en faut pas plus pour desceller notre regard, nous entraîner très loin. Il voit dans le soleil qui se mire dans l’océan L’intraduisible couleur de l’éternité, et dans un cerisier sauvage un oiseau qui s’ébroue à tire-d’aile / En vue de son ramage, ou dans cet autre oiseau, tombé d’un sycomore, un fruit inconsolé. Il voit, dans ce que lui offre la fréquentation d’une vie simple, et quoi qu’il en soit, le signe de quelque chose, Le parfum qui s’épanche / Des êtres et des choses, la lumière des jours et les couleurs des heures à la cime desquelles il faudrait s’efforcer de vivre plus souvent. Quelque chose de la face cachée de la réalité sensible, qui nous appelle, au-delà du silence du temps, nous subjugue et demeure innommé autant qu’inépuisable. Car il faut se tenir au plus près de la réalité du monde pour espérer entrer, un tant soit peu, dans le mystère des choses.
« Un rien enlumine les heures pour celui qui a le cœur ouvert à la reconnaissance et à l’émerveillement », écrit François Cassingena-Trévedy dans sa préface au recueil. Et il ajoute : « Le chemin de crêtes, le chemin d’altitude qui se propose ici, n’est pas un chemin de superbe, mais, tout au contraire, un chemin de simplicité. Un chemin d’intériorité aussi, car c’est en se recueillant que l’on perçoit l’impressionnante majesté des Heures qui nous sont gratuitement données. » Chemin d’altitude en effet, sur lequel Jean-Pierre Boulic nous accompagne plutôt qu’il nous guide, car il ne dépend que de nous, pour peu que nous voulions répondre à notre faim d’émerveillement, de suivre ce chemin dont il pose pour nous les balises. Alors, peut-être pourrons retrouver la saveur intacte du monde, en redessiner notre approche, hors du doute et du désarroi dont les ombres portées le disputent si âprement à ce qu’il contient de lumière.
Chronique publiée sur le site Diérèse et les Deux Siciles (11/03/2022)
Cinq sections, proses poétiques et vers, composent ce recueil dont il faut pénétrer la matière dense pour en saisir l’architecture et en comprendre la portée, car ce qui s’y joue relève tout autant de la vie intérieure de leur auteur que de la vie multiple et foisonnante qui nous cerne, anonyme parfois, souvent invisible. Relève tout autant encore de ce qui fait racines dans le perpétuel étonnement du vivre que dans le désarroi où nous plonge le fait d’être au monde. Aussi est-ce le souffle d’un incessant questionnement qui, de page en page, conduit cette démarche d’écriture, tout irriguée d’élan vital et animée de cet esprit, sensible et attentif à tout, qui puise à la ressource d’une force essentielle où toujours tout renaît des tensions outrepassées / quête longue / errance dans le bleu de l’oubli / que n’effleure pas même la pesanteur ou encore trame inlassable / (où) choses et lieux aimés / exhaussent la moindre faille du songe.
Texte lyrique, ce recueil l’est sans aucun doute, où la beauté concrète du réel sensible se mêle à l’imaginal poétique, donnant rythme et couleurs à un chant qui ne peut laisser place qu’à l’adhésion aux êtres et aux choses, et à leur exaltante acceptation qui ne peut que s’épanouir dans la célébration du miracle de « l’être-là »: Beauté du Désir lieu de tout désir / source des sens / et de l’exactitude cosmique / en deçà des mots / à même le bleu des gestes / leurs pans mouvants / l’être se compose / dans le passé présent.
Car Daniel Martinez, homme de poésie, qui arpente depuis longtemps les territoires de la langue, est aussi un homme du monde. Dans le sens où l’on désigne celui qui du monde fait sa demeure, en épouse l’universel et en adopte tous les règnes, qui aussi de sa langue « fait monde ».
Et le monde est d’abord « espace », à découvrir géographiquement, dans ses proches ou ses lointains, affectivement familiers ou plus exotiques, sous les différents aspects des êtres qui les peuplent et des paysages qui les accueillent. Il n’est donc pas très étonnant que ce dernier opus, D’ores et déjà, s’ouvre par une section intitulée L’esprit voyageur, qui évoque l’Inde, la Chine, la Tunisie, et se termine par une autre, Bestiaire, comme éloges du guépard saharien, du fennec ou du sanglier, dont la dernière page, souvenir d’enfance envahi de mouches-scorpions, nous conduit sur l’île de Djerba. Boucle en quelque sorte bouclée, il aura fallu au poète un recueil pour faire le tour de ce monde, nous faisant partager quelques-uns de ses points de repères, et pour tenter de faire, bien plus aventureusement encore, le tour de son monde, à savoir de lui-même.
Les pays visités, plus haut nommés, sont évoqués dans des textes, proses et vers mêlés, qui s’apparentent à un journal de voyage, traversés par des tentations descriptives, des fragments d’anecdotes parfois et de brefs rappels historiques, des courtes notations à caractère quasi sociologiques, mais font la part belle surtout à des séries d’images, poussière de pollen (Chèvres qui broutent je ne sais quoi, sur le toit d’une maison à Jaipur. […] Chargés de briques pour la construction, des ânes, en peine.), qui se succèdent comme en un diaporama se déroulent des images qui ont imprimé le regard, de façon fulgurante, sans souci d’ordre ni de hiérarchie, mais dans l’urgence d’une continuité physique, comme les pierres dévalent d’un pierrier, ou d’une continuité intérieure, nécessaire pour appréhender l’incessant mouvement de la vie dans le temps et sa perpétuelle nouveauté. La poésie est là, dans ces premières pages, mais sans volonté apparente de l’être, car le poète doit d’abord accueillir ce qui se présente, que cela soit une image seulement pittoresque ou une autre qui provoque son émotion, ou telle autre qui magnifie le présent à l’instant du regard, telle autre encore qui dirait ce cheminement dans le vent et la lumière, la tranquille inquiétude de l’aube ou du crépuscule, ces lisières du temps comme de la pensée où nous sommes conviés à étreindre en nous, sous le soleil intérieur des choses, les quelques mots dont nous disposons : Sentir, vouloir, concevoir… et muette entente avec ce qui n’a pas encore été nommé – dans l’après-midi immobile, sa syllabe interminable. //Le nom des choses entre nous pour que nous puissions en sentir la présence. Les reconnaître, de la manière.
Bestiaire nous invite à lire une série de textes consacrés à divers animaux, du gypaète barbu au scorpion, en passant par le Saint-Pierre ou la libellule. Mais aussi près qu’il veuille se trouver pour nous faire entrer dans l’intimité de ces créatures, le poète se tient toujours au seuil de ce mystère qu’est, bien plus que celle, humaine, l’existence de l’altérité animale. La regardant, la décrivant, respectueux de la distance irréductible qui nous en sépare à jamais, il se fait « recueilleur » de ces signes par lesquels, si nous le voulons, nous pouvons retrouver dans la présence de ces êtres, nos impressions premières (…) de l’univers originel, et par là, par-delà tout langage qui nous en a à jamais séparés, les refaire entrer en fraternité. Mais que dire pourtant de la « sauvagerie » de tous ces autres habitants du monde, si loin, si proches ? Le sanglier fait son domaine de l’infini forestier, le gypaète s’empare de la carcasse d’un jeune chamois pour briser les os qui le nourriront, le fennec projette ses griffes, mâchoire grand ouverte / pour foudroyer la proie élue et la dépecer, le guépard frappera d’un coup à pleine gorge / la gazelle Dorcas… Si la métamorphose de la libellule, de larve aveugle en signet d’écume posé / sur une tige de menthe est l’une des merveilles que nous propose la nature, la plupart des autres poèmes de cette section se chargent de nous rappeler que les bêtes sont les figures de la nature, / qui se moque bien de nos sentiments / quand elle est fidèle toujours / aux temps anciens / où l’histoire n’avait cure / du vernis de la culture.
« L’envers des maux », deuxième section du recueil, que l’on pourrait tout aussi bien entendre comme envers des mots, nous propose une série de poèmes où l’être ici et maintenant du poète se double d’une réflexion sur cette part obscure qui nous habite dans la profondeur de l’être, et que nous devons travailler à connaître pour mieux regarder la lumière. Pour cela, accepter aussi cette part d’incompréhensible à l’ombre impénétrable, là même où s’est enfuie celle / qui m’a donné le jour / a pris la nuit pour elle / sans rien m’en laisser. Car aurevers des mots, il y a d’abord cet « effroi » que la poésie seule permet d’approcher, sinon d’apprivoiser par ce pacte qu’elle a conclu avec l’universel de notre condition et notre précarité d’existants, soumission impuissante au temps et à la perte, à l’oubli et à l’impérieuse nécessité d’entretenir en nous les braises qui feront flamme du miracle d’appartenir à ces instants du monde, corolles de la réalité / allumeuses de lumière. Saisir le sens de ces instants et les regarder au moment exact de leur saisissement, c’est ce que la poésie de Daniel Martinez nous invite à faire, dans une élévation de la conscience où nous reconnaissons la trace du sacré, c’est-à-dire ce qui déborde toutes choses matérielles. Car le regard, dont le rôle est si important dans sa poésie, appelle constamment à son dépassement et à un au-delà qui interroge la mémoire, questionne la frontière entre ce que nous donne à voir le réel sensible et ce qui, entre présence et perte, disparition et réminiscence, n’offre pas seulement le lot de la consolation, mais ce chant primordial si nécessaire aux égarés que nous sommes sur ces chemins auxquels le fait de vivre nous condamne. Puisque aussi, habitants de la Terre, nous sommes les composantes d’une histoire / malmenée / depuis la Nuit des temps. Et, en effet, guerres et violences qui n’auront jamais eu de trêve, continuent de descendre le cours de ce fleuve intranquille tourmenté de terribles remous qui ont mis l’amour à genoux, ont écorché la pierre / et ruiné / ce siècle de mauvais aloi / où l’intensité de l’ombre / passerait pour l’équipage du jour.
Et Daniel Martinez sait bien la vitale nécessité de regarder, de lire et d’écrire le monde en poète pour mieux maîtriser cet effroi primordial et se confronter au malheur des siècles. Pour ajouter à l’inquiétude existentielle et au clair-obscur de l’époque ces brefs éclats de projecteur, et susciter du bout des doigts entre les signes déjà chus / ce plaisir inconscient / des sèves silencieuses // mais lié soit-il au plus vif / de notre volonté à être / celle de la poésie même / prise dans l’espace / du moment fondateur. Car l’affrontement avec la ténèbre qui nous habite et nous assiège du dehors, permet d’ouvrir à la parole poétique, traînée d’air, un chemin de plus vivre clarté qui dissiperait quelque peu l’hostilité du monde et l’opacité du vécu, pour que jamais il ne faille donner prise / à la pierraille sèche / aux peaux mortes / & terres pauvres // mais retrouver / cette chaleur qui tend la peau / entre les os fragiles de la main / la perception du beau.
La section Voisinages, troisième du recueil, convoque tour à tour des noms d’écrivains et poètes, d’artistes, musicien ou peintre… Ceux-là portent la même intention que l’auteur du recueil, renverser le regard en provoquant la force d’un faire créateur qui bouscule et défait l’apparence de notre ordre des choses, en y introduisant, comme repuisés à la source, la primitivité de la couleur, la pureté des lignes mélodiques ou le questionnement de l’énigme de l’être. Ainsi de Rothko, de Satie ou de Keats… Ici encore se fait jour, à travers eux, comme un appel des temps premiers, nostalgie de ces temps d’innocence et d’intacte ferveur, créatrice où la langue des roseaux était celle des premiers mots et où les premiers gestes caressaient le feu, où la main s’essayait, sur la paroi rocheuse, à traduire les formes du monde.
Ce sont là des poèmes où se détachent quelques vers, frappés comme des aphorismes, coups aux portes du cœur et miel de la pensée, posés comme des traces sur le blanc initial de la page ou des pas sur le sable, et qui dessinent de l’auteur une vaste carte de l’être.
De Novalis alors : Nul or à dire mais / délestées des mots pleurs / les pulsations d’un jardin secret / libre de se mouvoir en toi. Ou d’Edgard Poe : vois // comme l’aurore aux yeux neigeux / dévoile la pure mélancolie de l’air / saisit l’esprit et partout s’étend. Ou encore de Saint-Amant : fine demeure de la langue / et la rumeur des sangs / quand seul le temps / situe l’ultime réalité / que ne détermine plus / le proche du lointain. Et de Sophie Podolski : Simple chanson filet de voix / dans le royaume du multiple / cherchant son sens et son objet / lignes floues offertes là.
Ces vers, où se condense une pensée grâce à laquelle le poète nous invite aussi à méditer sur l’expérience poétique existentielle de chacun et à nous regarder dans le miroir des mots, à ne pas nous détourner de l’ombre qui nous menace et à interroger les arcanes du monde, peuvent nous renvoyer à certains vers de René Char, ceux qui exploitent mêmement la forme aphoristique, ou peut-être aussi à des réflexions aux accents pascaliens. Ainsi de Tchouang Tseu : l’haleine des blés / dessus la terre qu’étourdit / le langage absolu des choses. De Gu Chang : vers acérés qui te paraissent / façonner des ombres / où les pupilles seraient / graines de mémoire // sifflets d’herbes / où jeunit la mort. Ou deRobert Walser : Vienne le cri flûté d’un oiseau / compter légères les secondes reines / qui précèdent la fin.
On goûte dans ces mots la ressource d’un absolu, et la poésie de Daniel Martinez devient révélation en des phrases d’où nous monte à l’âme une effusion d’ordre spirituel.
La quatrième section du recueil, Lyriques, la plus courte, si justement intitulée, déploie de longues vagues successives d’images où s’incante une voix qui porte haut le chant du monde comme monte un chant primordial. En effet, dans ces vers, face au temps qui s’émiette / et couve sous l’usure, et même si bientôt vont s’éteindre les lumières, se lève la musique large d’une célébration où se mêlent les senteurs de la nuit l’odeur des racines / et le corps moelleux de la terre. Il s’agit moins, dans ces poèmes, de la « quête du poète » qui est l’affaire, dans ses différents aspects, de tout le reste du recueil, mais pour lui, à cet instant-là, à l’acmé de son écriture, de s’offrir tout entier à «l’accueil » de la plénitude de tout ce qui est, dans une parole qui brûle de ses propres mots comme une branche est dans le feu. Les vents de mer, ses odeurs qui chatoient, le soleil qui frappe le carreau, le jeu des chaleurs, l’ombre lumineuse, les envols et atterrissages de nuages d’oiseaux, le singulier frémissement d’insectes et de résines mêlées, le désir propagé dans l’extrême somptuosité du bonheur composent dans ces pages un hymne à la lumière patiemment conquise et à la vie, quand la peau du monde même est comme un gonflement de voile au loin. Incantation panthéiste, invocation au monde et au don de la vie sans réserve, au vertige qu’elle ouvre dans la chambre de l’âme, élévation et tournoiement spirituels qui ne peuvent que nous faire penser aux derniers vers du Cimetière marin et à son injonction: « Le vent se lève… ! Il faut tenter de vivre ! / L’air immense ouvre et referme mon livre… ».
Une odeur de corps et d’herbe passe, écrit le poète, ne dites rien laissez tourner autour / la mort invisible le silence plus vide. Et plus loin, il ajoute : non ne dites rien d’autre / que la cendre claire / dans l’entre-deux du jour. Ces pages somptueuses où le parti lyrique de Daniel Martinez rejoint celui, incandescent, de la poétique de Saint-John Perse, nous offrent de bien précieux moments de lecture où l’hymne à la beauté concrète se mêle à une aspiration de nature on dirait mystique, dans un espace de parole, exaltant et libre, où ne poser le pied qu’à peine, celui d’une joie du cœur, délivré un instant du désarroi et du doute, et que l’on ne peut appeler qu’Amour.
Ainsi s’éclaire et revêt tout son sens le titre de ce recueil. Et ainsi voulons-nos le lire : dans les turbulences qui font les jours pauvres que nous traversons, en ces temps de menaces qui pèsent sur la condition humaine et celle du vivant, tout cela qui compose un paysage de désastres, crépusculaire et douloureux, il nous faut d’ores et déjà réinventer le cœur, son opiniâtre battement, comme il nous faudrait travailler, en urgence et lucidité, pour les temps à venir et dans le miracle du monde, à ne laisser / paraître que le fuyant délice d’avoir reconnu / pour tel le signe de l’inassouvissement. Il serait temps, d’ores et déjà, que les mots des poètes fassent demeure pour la clarté féconde dont ce présent recueil tâche de conserver la flamme, « d’en garder le souffle initial autant que la mémoire » (in 4ème de couverture).
Chronique publiée in ce blog (mars 2022) et in Chemins de traverse N° 61, décembre 2022
Un concerto en bleu majeur
Souscrivons sans réserve à ce qu’écrit si justement Gilles Lades à propos de Capter l’indicible de Silvaine Arabo : « Ce livre prend pleinement le parti lyrique, un lyrisme mystique où la vie multiple, invisible, s’accomplit. Ici la beauté concrète se mêle à l’imaginal du cœur, espace exaltant et libre où s’unissent vertus et splendeurs. » (Diérèse n° 83) Dans ce recueil, en effet, l’adhésion aux beautés du monde devient célébration ardente de ce tout qui est, comme devient révélation cette poésie qui la porte et qui se nourrit si intimement, si naturellement serait-on tenté de dire, du spirituel. Et Gilles Lades ajoute, dès la phrase suivante : « Cette résolution suprême est musicale, hymne à la beauté. » (Ibid)
Musicale, sans aucun doute, et langue accomplie de poète est cette parole inspirée dont une tenace force intérieure (même si traversée parfois par les ombres du doute et « les oscillations du désarroi »), nous invite, page après page, à sentir à l’intérieur une joie qui délire.
Musicale, oui, mais aussi picturale. Car Silvaine Arabo, poète, est également peintre. Le sachant, ayant eu l’occasion de regarder ses toiles et ses encres, il nous est difficile, dans le cadre de cet article, de n’être pas tenté, en ne privilégiant que cette seule piste de lecture du recueil, celle des références aux couleurs (au détriment de toutes autres qui nous permettraient d’entrer plus avant dans l’analyse de ces textes, d’approcher un peu plus la densité de la démarche et la réflexion qu’elle développe en essayant d’en explorer toutes les dimensions), il nous est difficile donc de n’être pas tenté de jeter quelques passerelles entre les œuvres de l’artiste et les textes de cette auteure. Entre les mots de la poète et les images qu’ils suscitent, et celles purement plastiques de la peintre qui use concrètement des couleurs. Mais prenons-en le risque. En effet, sur l’espace des pages où Silvaine Arabo dépose un à un ses poèmes, les couleurs, même si diversement convoquées par la langue, sont omniprésentes, et d’entre elles le bleu émerge, insistant comme fait le bruit bas du cœur, infuse et se diffuse, se répand, se dilue et fait auréole.
Il y a certes, dans ces poèmes, le noir, métaphore (prometteuse pourtant comme celle qui suit) de l’enfermement muet des moissons hivernales, et la nudité de nuit des oiseaux cachés, le sombre marécage que l’on reconnaît au silence absolu de ses colombes, des tunnels de silence, et tous ces jours où l’être avance dans les sombres labyrinthes, sur ce fond d’inquiétude et d’hésitation vacillante inhérente au fait même de vivre, dans l’incertain du temps de notre destinée, entre le poids de nos questions et les ombres qui nous menacent.
Il nous faut pourtant franchir la nuit, les ombres de nos disparus, les lignes vacillantes de nos peurs, de nos souvenirs douloureux. Car en dépit de nos errances dans les couloirs obscurs du temps, du couteau pâle de la souffrance et des pâles solitudes entre des portes qui grincent, la nuit est riche, dans son obscurité même, du jour qu’elle promet et engendre. Et s’il y a aussi la nuit par-delà les tombeaux, nous avons ici la grande nuit scintillante et lunaire, attisée par les pâles images que nous cultivons, et la lumière faible de la lune sur les grands portiques, le sourire des lampes, les pâleurs d’aube et les clartés pâles / D’oiseaux souterrains, la timide clarté des étoiles lointaines ou celle, pâle aussi de la lumière du jour / Comme si c’était demain / Le dernier matin du monde.
Et il y a le blanc, non celui que l’on dit, qui est affrontement du poète au blanc initial de la page, à ce vide absolu où gît tout l’inconnu, ni celui de la mort, ni hostile ni bienveillante, mais d’abord celui qui fait apparaître ce qui s’y trouve enclos, caché au fond de son silence, bouche clouée, témoin sans forme ni contour d’une langue perdue dans les brumes de la mémoire, mais langue dont nous conservons la douloureuse nostalgie, celle, la même qui nourrit et ne peut se nourrir que de la nostalgie ardente du futur, sa mémoire éprouvée dans la chair, ces mêmes territoires, purs instantsqu’investit l’enfance en ses jardins d’autrefois, les arbres en prière, la vie-dans-la-beauté ou bien, peut-être, la confuse réminiscence du lieu de l’avant-naître, jardin perdu ou souvenir diaphane des eaux-mères, trace indicible de la déchirure originelle, de la prime blessure d’une irréparable séparation. Et de tout ce encore, douleur et nudité, solitude et brûlure d’être dans l’adhésion au monde et ravissement extatique dans sa présence, le souvenir de ces beautés perdues et retrouvées, ciels salubres, éclats de la lumière, pureté de la montagne, du torrent, de la pierre nue au soleil et au vent, qui réclame d’écrire hors de soi, adossé au mur, fourbissant ses désirs de plus haute vie, en quête toujours de ces grands déserts blancs. Le blanc, échelle enneigée des ailes ivres. Celui des grands oiseaux qui te font chavirer, des neiges scintillantes et des cristaux du givre. Bancheur nue des chrysanthèmes et vagues des blancheurs / Dans la peinture naïve des yeux enfantins. Evocation de plénitude sont ces mystérieux accords blanches orgues du cœur et le chant vrai des blanches eaux, les grands cygnes blancs / Dans une épure, les Blancheurs vagues aspirant à la forme et Ce chemin qui crisse / – Si blanc sous les pas du destin… Toutes ces mains filant le destin du silence / (…) De blancheur en blancheur et cette extase redonnée du blanc. Territoire d’accord essentiel avec l’intime du vivant, paix et joie confondus dans le grand océan cosmique, mais territoire de la poésie, pays très haut / De ces plateaux de neige / Où bourdonnent les ruches blanches, où peut librement s’exalter cette pure blancheur des mains // Qui ne veulent plus redescendre.
Comme il y a aussi le vert et sa jubilation parmi les feuilles, ces calmes cohues d’arbres et l’exaltation folle du vert parmi les feuilles, cette couleur de toute renaissance, celle du printemps qui frappe à nos portes, annonçant la bonne nouvelle, quand la Vie se révèle, portée par le souffle, réanimant ce qu’on croyait ou qui pensait mourir. Alors nous entendrons sous les verdeurs / L’essaim qui bourdonne, avec des yeux doux comme la mer / Nous regarderons de nouveau les feuilles / bruire au soleil sous les doigts invisibles du vent, et abandonnés à son souffle nous pourrons capter l’indicible.
Comme il y a encore, dans les degrés de couleur, cette aube qui n’est rien / Que n’enfante derrière le soleil / Un autre soleil, cela qui nous invite à fixer la lumière les yeux dans les yeux. Une aube qui coule s’écoule lumineux vertige, lumière aux reflets miroitants, qui dénoue le visage de gel de la terre, tremble dans l’air / Dans la tiédeur des feuilles, vibrant comme une fièvre. Et fusent ces images qui évoquent les efflorescences de la lumière, les tourterelles et les sphynx d’or de la mémoire retrouvée, leur explosion secrète de couleurs, les scintillants oiseaux et Le baume du feu, la bulle dorée de l’univers, les dieux beaux / Carrés dans le soleil, les étés flamboyants au cœur de midi, la beauté des pierres ignées d’où jaillit la lumière, l’éclatement soudain du rire / Dans l’embrasement suprême, quand sous tes paupières mûrissent les champs d’or du soleil, et cette lumière où l’on nage, approchant les cîmes dorées de la plus haute exigence, puisque dans les matins réinventés de l’espace / L’or agit l’or est mouvant.
Mais le bleu !
Contre ceux qui, absurdes ne connaissent / Que la musique de l’absurde, et qui jamais ne pourront dire l’âpreté crue du bleu, il est, dans cet ouvrage, la couleur qui émane du cœur des choses, comme si elle en était l’essence, ce qui nous donne à voir, dans la fluidité de sa transparence, le monde dans le processus de transfiguration où doit s’accomplir le regard. Dans la pure conscience d’être et dans son essentiel. Couleur de toute élévation vers l’infini, au plus près du songe des plus hauts oiseaux, note unique et arcane mystérieux, espace symbolique de la rêverie vers lequel l’âme prend son élan. Elle apparaît d’ailleurs dès le premier vers du recueil : Trésorière de la lumière dans l’ombre bleue des soirs (p. 11). Contentons-nous de citer quelques occurrences dans lesquelles le bleu intervient, parmi la trentaine d’autres que contiennent les textes (chiffre incomplet si l’on en exclut les multiples connotations) :
– Prélude aux grandes saisons nacrées / Fugue bleue des jours (p. 12)
– Je te pressens aux grands pics bleus que tu inventes (p. 16)
– On dirait une flamme bleue sur les sables / Là où la mer tendrement s’éteint (p. 18)
– Ici dans cette profondeur bleue tout est signe (p. 23)
– Une grande prière monte et se creuse / Une flottaison d’ondes dans les ombres bleues du soir (p. 38)
– La facture incroyable et bleue du ciel (p. 41)
– Les branches bleues de Van Gogh / Effleurent l’albâtre des cavaliers passants ((p. 43)
– Agenouillement silencieux / Dans l’eau bleue du temps / Je reconnaîtrai les signes / Tiges de la beauté (p. 58)
– Nous irons / Par les sommets bleus du soir / Dans l’ordre ancien des jours / Redessiner l’aura lumineuse / Des temps en allés (p. 62)
– Sur les tempes bleues du temps / Dans l’éclaboussement nu des paupières / Une crête d’aurore nous submergea (p. 67)
Dans le bleu, il y a de grands fils jetés d’un bord à l’autre de la voix. Des fils tramés dans la matière de ces soifs qui se lèvent au creux des bouches, les consolant, comme un défroissé de silence, un expir suspendu, mots posés au fond de la gorge, retenus sur le seuil des lèvres. Toute lenteur et toute paix y sont promises. Tout abandon et tout oubli. Paix et joie confondus écrivions-nous plus haut, car il n’y a que dans le bleu, son éphémère et éthérée substance, que l’on peut tout oublier – même soi – / Devenir / La mémoire des choses, des êtres, du silence / De ces étranges vibrations colorées / Qui traversent l’espace / Pour le nourrir. Car c’est dans le bleu seulement, dans sa transparence et sa fluidité, qu’il est possible que de la psalmodie des cendres /Renaisse un oiseau léger. De vivre d’une vie véritable, dans l’accordance vraie avec les êtres et les choses. Dans le courage d’être.
Dimension principalement verticale du bleu, car il est trait d’union entre deux mondes, le terrestre et celui de l’espace spirituel, les cîmes bleutées des montagnes et la soie lisse d’un ciel supérieur où cœur et esprit se retrempent. « Mais pour cela, écrit Luc-André Sagne, il faut au préalable savoir se détacher de ce qui nous assaille quotidiennement, de ce trop-plein qui nous submerge, de cette laideur qui se nourrit d’elle-même. » Dénouer les sortilèges de la cacophonie, s’extraire des grandes mégapoles qui croulent, se garder de tous ceux qui, à force de dire le mal / A force d’imaginer la ténèbre et sa puanteur / La libèrent. « C’est à cette condition, ajoute Luc-André Sagne, qu’on peut espérer, sinon atteindre, du moins s’approcher de la sublime transparence (…) absence d’épaisseur, pur regard, souffle qui est comme la première étape, le grand signe au bout du chemin vers l’indicible. »
Lisant ces poèmes de Silvaine Arabo, nous sommes inévitablement traversés par le souvenir de ces vers de Baudelaire dans Elévation où le poète, s’élevant lui aussi vers des sommets splendides, dans cette lumière où l’on nage, évolue « au-dessus des étangs, au-dessus des vallées / Des montagnes, des bois, des nuages, des mers », et poursuit par ces mots : « Mon esprit, tu te meus avec agilité, / Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, / Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde / Avec une indicible et mâle volupté ».
Chemin de crête est le poème, tant que l’on marche, sans esprit de retour, sans la crainte d’une fin et d’un abîme dont on ignore tout, car dans la présence du monde on n’est jamais seul : L’univers est en toi / Entends, ami, entends / Le chant suprême des Transparents ! La lumière que Silvaine Arabo nous invite à partager dans ses poèmes est d’abord lumière intérieure et, avec la maturité de son art, lumière faite souffle à l’intérieur de notre cœur battant et infini. Sa poésie est chant de toute présence / De toute lumière projetée, et c’est en quoi, en cette époque crépusculaire que nous traversons elle nous apparaît, jaillissant comme l’arbre / Sur fond de flûtes et de hautbois, comme une parole essentielle de réconciliation, dans le sens étymologique de ce terme, avec cette part de nous-mêmes que nous disputent les poulies grinçantes du temps.
Aliénor Cercle de poésie et d’esthétique Jacques G. Krafft
a l’honneur de vous inviter à la séance du Samedi 11 décembre 2021, à 16 h 15 précises, à la Brasserie Lipp (salle du 1er étage), 151, Boulevard Saint-Germain à Paris
6èmeRemise du prix Aliénor 2020 à Nicole HARDOUIN pour « Lilith, l’amour d’une maudite » (Éditions Librairie-Galerie Racine
et du prix Aliénor 2021 à Michel DIAZ pour « Le Verger abandonné » (Éditions Musimot)
…Nous attirons votre attention sur le fait que vous devrez présenter votre pass sanitaire, et garder le masque pendant vos déplacements.