Inaugurales
« Les choses du monde se doivent regarder à l’envers pour les voir à l’endroit. » Baltasar Gracian
Quand le paysage mouvant
donne couleur
à la dernière extrémité
de la nuit
tout se tait
une fine pluie de cendres blanches
habillent tes lèvres
la rosée des mots
signe le jour
et la grenade qui saigne
élit à contre-ciel
les formes qui la suivent
où se liguent et se livrent
les rythmes et les forces
Si loin des repères
le monde ne serait-il plus
dans les mains ouvertes
de l’enfant nomade
que ce que ses paumes réinventent
gravures du hasard
portées par le tracé
des premiers finistères
par un corps d’écoute
offert à la langue
de l’esprit
dans l’Ailleurs dans l’instant
qui dépouillés de tout artifice
sauvent
la nature souffrante
sans point de dérobade
Mues par l’appel des sternes
une poussée sauvage
une substance sonore
comme voile apprêtée
pour le festin des vents
sans grève ni trêve mais
où va
se fondre
la quête de l’être
cherchant son lieu la terre mère
à même ses percussions intérieures
nous là
fascinés
sous le couvert du Temps
par recoupes simultanées
les yeux
limpides jusqu’à l’absence
éventent le secret
du haut pays d’été
Daniel Martinez
12/5/2021