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A deux doigts du paradis – Michel Diaz – Mars 2012

 

paradis

Propos du livre

Un recueil de nouvelles réunies autour du thème du passage, la situation de passage, qui à certains moments de nos vies, lorsqu’une fracture se produit, nous fait basculer vers un ailleurs méconnu. Un seuil où l’on a peine à se reconnaître mais toujours révélateur de quelque vestige – ou vertige – intime.

Dramaturge, poète, écrivain, Michel Diaz met toute sa science de l’écriture, au service d’évocations fortes : personnages, lieux, émotions, inquiétudes, angoisses, horreurs, espoir… qui éveillent de longs et profonds échos chez le lecteur. Et son sens de la narration lui fait approcher des situations les plus secrètement vécues : Lent effacement d’une comédienne, souvenirs ultimes d’un soldat de la deuxième guerre, rencontre d’une énigmatique enfant en bord de Loire, récit des relations entre mère et fils durant la tempête du siècle…
À deux doigts du paradis est un de ces livres auxquels on s’accroche, même si on l’ouvre au hasard.

Extrait : Sortilège de Pan

(…) S’éloignant de la rive, il traversa en pataugeant un bras stagnant du fleuve, de l’eau jusqu’aux genoux, mit le pied sur une petite île et, s’étant frayé un passage à travers la végétation épaisse qui la couvrait, il gagna l’autre berge afin de retrouver le lit qu’emprunte le courant.

(tout cet espace déployé dans le regard, sa hauteur lumineuse gréée d’azur et de clameurs, vaisseau de formes fluides éternellement aspirées vers ces vagues lointains où les eaux se rassemblent…)

Sur l’étroite bande de sable qui glisse en pente douce vers le fleuve, il aperçut l’enfant. Une fillette de huit ou neuf ans. Pas davantage, estima-t-il. Après avoir jeté un coup d’œil circulaire, il ne remarqua pas d’autre présence humaine, et n’entendant pas d’autre chose que son fredonnement d’abeille, il s’étonna qu’elle fût seule. Absorbée par son jeu, les genoux et les mains enfoncés dans le sable, visage presque au ras du sol, elle ne le vit pas venir. Ses sandalettes de plastique étaient posées à côté d’elle. Elle avait un pantalon rouge, en toile de jean, un tee-shirt vert olive, des cheveux blonds noués en tresses qui se balançaient dans le vide, par-dessus sa nuque penchée.

Il resta un moment immobile, sans dire un mot, de crainte de l’effaroucher. Jusqu’à ce qu’elle l’aperçoive, en relevant la tête, debout à quelques mètres d’où elle se tenait. D’abord, elle ne lui parut ni surprise ni effrayée. Peut-être seulement curieuse. Sûrement intriguée. Tout autant que lui pouvait l’être. Pour faire quelque chose, se donner quelque contenance, elle plongea sa main dans le sac de bonbons posé entre ses sandalettes, hésita un instant à lui en offrir. Y renonça presque aussitôt. Dans son regard, il entrevit comme une lueur de méfiance, une braise de rien du tout, mais qu’il voyait briller au fond de son iris.
– Bonjour, il dit.
– Bonjour, elle lui dit aussi, en le dévisageant.

« A deux doigts du paradis », éditions L’Amourier, 18 euros.

 

Séparations – Michel Diaz (sept. 2009)

SéparationsSEPARATIONS, nouvelles, Editions L’Harmattan (septembre 2009),
ISBN: 978-2-296-09048-4, 20 euros

Introduction au recueil :

“Nous ne vivons que de séparations. Comme autant de mutilations successives. Même salutaires. D’amputations. De quelqu’un, de quelque être, ou de quelque chose, qui a fait partie de nous-mêmes, s’est détaché de nous… de quelque chose qui, peut-être bien, n’a jamais été là…

Et chaque fois, plus rien ne sera jamais comme avant. Il nous faut tout recommencer – ou presque. Réapprendre à durer dans un temps où l’absence et ses cicatrices impulsent dans nos souvenirs leur lancinement de membres fantômes.

D’ailleurs, quelque chose manque, toujours, à tout ce que nous essayons de vivre, de dire, d’écrire…

Quelque chose qui nous maintient, perpétuellement, aux limites du désespoir, tandis que tout s’en va, que la vie glisse, indifférente, et s’éloigne de nous.

Quelque chose qui est de la nuit dans la nuit de la blessure d’être. Une absence dont rien, jamais, ne peut nous consoler. Mais un espace en creux d’où convergent tous les chemins qui s’offrent à notre salut pour nous permettre d’avancer, un peu plus loin, vers ce que nous avons à vivre, à dire, ou à écrire… Un peu plus loin, toujours, vers le plus secret de nous-mêmes…

Et que nous n’atteignons que quand nous sommes séparés de tout.”

M. D.

 

Quatrième de couverture :

Treize nouvelles, écrites à Tours, et dont la plupart évoquent la ville en arrière-plan, déclinent, chaque fois différente, une situation de séparation, de rupture: couples en déliquescence, amants en mal de mots, mère et fils en souffrance… Explorant ces situations a priori banales, mais qui basculent peu à peu dans l”inattendu, ces textes disent l’amertume du bonheur, les amours blessées, les sanglots sans larmes, la difficulté d’être qui fait tout l’être… “Nous ne vivons que de séparations”, écrit l’auteur dans sa préface, posant sa phrase comme un postulat.

Séparations autour desquelles cependant nous nous (re)construisons. Car il nous faut continuer à vivre. Malgré tout. Enfin, l’humour diffus qui imprègne cette écriture, noir aussi quelquefois, ou même burlesque, la dédramatisant souvent, y ajoute la justesse d’une émotion qu’elle distille avec pudeur.

Extraits de texte :

(Au cours d’une randonnée, le narrateur vient de traverser, avec son chien Léo, un village abandonné de Lozère, aux trois-quarts ruiné)

”… Après tout, je pourrais acheter une de ces ruines, je lui ai dit. La retaper sommairement. L’aménager avec une paillasse, une vieille table, une chaise, une planche où poser des livres… Qu’est-ce que tu en penses?… Un village fantôme, où vivent des fantômes qui ne semblent rien avoir de bien terrifiant. Sont peut-être même accueillants. Là, sans doute, est la paix. Et l’oubli sans remords. Mais on s’installerait là. Je ne ferais plus rien. Ce serait mon nouveau métier: ne rien faire. C’est un métier très difficile. Il y a très très peu de gens qui savent l’exercer. Nous irions, toi et moi, tous les deux, tous seuls, marcher sur les chemins. Ce serait comme ça, tous les jours. Un humain me demanderait parfois qui je suis, d’où je viens… Je dirais que je ne sais pas, que j’ai tout oublié le long des chemins, que j’ai perdu la tête, que j’ai perdu mon nom, que j’ai perdu mon ombre. Je rirais à la barbe du questionneur, et nous retournerions, le soir, à Chanteloube où je mettrais à mijoter une soupe aux orties, à bouillir une ou deux poignées de châtaignes, dans l’âtre que j’aurais rafistolé. Et la nuit, on regarderait les étoiles. Je n’aurais pas de mal à passer du monde des vivants à celui des esprits, de même pour en revenir, et pour y retourner encore, comme ça, tous les jours, parce que toi tu sais t’y prendre. Tu connais les passages pour aller d’un royaume dans l’autre, et c’est toi qui serais mon guide. Il n’y a que les chiens pour savoir des choses pareilles…

[…]

… Me retirer à Chanteloube, c’était juste une histoire que j’avais inventée pour Léo. Et pour moi aussi. Parce que, dans la solitude, il vous en passe des choses par la tête! Des choses qui permettent d’alléger un peu la souffrance. De la détourner quelque temps, et de s’en distraire. Il n’en restait pas moins qu’après m’être beaucoup agité, pendant ces quelque trois semaines, m’être engourdi d’activités physiques, j’éprouvais maintenant le désir, très réel, quasi impérieux, de m’abandonner à la somnolence de ne rien faire. Rien écrire, rien lire, mais rien dire non plus – et être presque rien. Oui, travailler à ETRE presque RIEN. Désir ivre, besoin aspirant, entrevu comme salutaire, de m’effacer aux yeux des autres, afin de n’être plus qu’une simple présence au monde, assourdie, transparente, presque évanouie. “Ce serait non pas m’effacer, je pensais, dans le creux de l’absence où le désespoir s’annihile, où toute douleur disparaît, mais plutôt renoncer à l’absurde nécessité de faire quelque chose, sombrer dans le repos de l’âme comme on se confie au vertige du rien, pour être seulement vacant, libérer son esprit et ses yeux, accueillir ces instants où l’on sent battre dans ses veines le coeur subtil du temps, cultiver cet état limite, mince ligne de crête entre ennui et pure joie d’être. Cet état où le simple fait de regarder le ciel, le feuillage d’un arbre, un oiseau marchant sur le toit, nous apporte la preuve que tout nous est donné à tout instant, et que vraiment rien d’autre ne nous est désormais nécessaire…”

Partir sur les chemins, in Séparations
Il est possible de lire l’intégralité d’une nouvelle de ce recueil, et d’autres extraits, en tapant DIAZ Michel sur Wikipédia, puis ce nom sur Amazon.

Pour commander cet ouvrage:

* s’adresser aux Editions L’Harmattan, 5-7 rue de l’Ecole Polytechnique, 75005 Paris
ou diffusion.harmattan@wanadoo.fr

* ou le commander directement en librairie

 

Séparations

Séparations, nouvelles, Editions L’Harmattan (septembre 2009),

ISBN: 978-2-296-09048-4,  20 euros

Introduction au recueil:

“Nous ne vivons que de séparations. Comme autant de mutilations successives. Même salutaires. D’amputations. De quelqu’un, de quelque être, ou de quelque chose, qui a fait partie de nous-mêmes, s’est détaché de nous… de quelque chose qui, peut-être bien, n’a jamais été là…

Et chaque fois, plus rien ne sera jamais comme avant. Il nous faut tout recommencer – ou presque. Réapprendre à durer dans un temps où l’absence et ses cicatrices impulsent dans nos souvenirs leur lancinement de membres fantômes.

D’ailleurs, quelque chose manque, toujours, à tout ce que nous essayons de vivre, de dire, d’écrire…

Quelque chose qui nous maintient, perpétuellement, aux limites du désespoir, tandis que tout s’en va, que la vie glisse, indifférente, et s’éloigne de nous.

Quelque chose qui est de la nuit dans la nuit de la blessure d’être. Une absence dont rien, jamais, ne peut nous consoler. Mais un espace en creux d’où convergent tous les chemins qui s’offrent à notre salut pour nous permettre d’avancer, un peu plus loin, vers ce que nous avons à vivre, à dire, ou à écrire… Un peu plus loin, toujours, vers le plus secret de nous-mêmes…

Et que nous n’atteignons que quand nous sommes séparés de tout.”

M. D.

 

Quatrième de couverture :

Treize nouvelles, écrites à Tours, et dont la plupart évoquent la ville en arrière-plan, déclinent, chaque fois différente, une situation de séparation, de rupture: couples en déliquescence, amants en mal de mots, mère et fils en souffrance… Explorant ces situations a priori banales, mais qui basculent peu à peu dans l”inattendu, ces textes disent l’amertume du bonheur, les amours blessées, les sanglots sans larmes, la difficulté d’être qui fait tout l’être… “Nous ne vivons que de séparations”, écrit l’auteur dans sa préface, posant sa phrase comme un postulat.

       Séparations autour desquelles cependant nous nous (re)construisons. Car il nous faut continuer à vivre. Malgré tout. Enfin, l’humour diffus qui imprègne cette écriture, noir aussi quelquefois, ou même burlesque, la dédramatisant souvent, y ajoute la justesse d’une émotion qu’elle distille avec pudeur.

 

         Extraits de texte :

(Au cours d’une randonnée, le narrateur vient de traverser, avec son chien Léo, un village abandonné de Lozère, aux trois-quarts ruiné) 

”… Après tout, je pourrais acheter une de ces ruines, je lui ai dit. La retaper sommairement. L’aménager avec une paillasse, une vieille table, une chaise, une planche où poser des livres… Qu’est-ce que tu en penses?… Un village fantôme, où vivent des fantômes qui ne semblent rien avoir de bien terrifiant. Sont peut-être même accueillants. Là, sans doute, est la paix. Et l’oubli sans remords. Mais on s’installerait là. Je ne ferais plus rien. Ce serait mon nouveau métier: ne rien faire. C’est un métier très difficile. Il y a très très peu de gens qui savent l’exercer. Nous irions, toi et moi, tous les deux, tous seuls, marcher sur les chemins. Ce serait comme ça, tous les jours. Un humain me demanderait parfois qui je suis, d’où je viens… Je dirais que je ne sais pas, que j’ai tout oublié le long des chemins, que j’ai perdu la tête, que j’ai perdu mon nom, que j’ai perdu mon ombre. Je rirais à la barbe du questionneur, et nous retournerions, le soir, à Chanteloube où je mettrais à mijoter une soupe aux orties, à bouillir une ou deux poignées de châtaignes, dans l’âtre que j’aurais rafistolé. Et la nuit, on regarderait les étoiles. Je n’aurais pas de mal à passer du monde des vivants à celui des esprits, de même pour en revenir, et pour y retourner encore, comme ça, tous les jours, parce que toi tu sais t’y prendre. Tu connais les passages pour aller d’un royaume dans l’autre, et c’est toi qui serais mon guide. Il n’y a que les chiens pour savoir des choses pareilles…

[…]

… Me retirer à Chanteloube, c’était juste une histoire que j’avais inventée pour Léo. Et pour moi aussi. Parce que, dans la solitude, il vous en passe des choses par la tête! Des choses qui permettent d’alléger un peu la souffrance. De la détourner quelque temps, et de s’en distraire. Il n’en restait pas moins qu’après m’être beaucoup agité, pendant ces quelque trois semaines, m’être engourdi d’activités physiques, j’éprouvais maintenant le désir, très réel, quasi impérieux, de m’abandonner à la somnolence de ne rien faire. Rien écrire, rien lire, mais rien dire non plus – et être presque rien. Oui, travailler à ETRE presque RIEN. Désir ivre, besoin aspirant, entrevu comme salutaire, de m’effacer aux yeux des autres, afin de n’être plus qu’une simple présence au monde, assourdie, transparente, presque évanouie. “Ce serait non pas m’effacer, je pensais, dans le creux de l’absence où le désespoir s’annihile, où toute douleur disparaît, mais plutôt renoncer à l’absurde nécessité de faire quelque chose, sombrer dans le repos de l’âme comme on se confie au vertige du rien, pour être seulement vacant, libérer son esprit et ses yeux, accueillir ces instants où l’on sent battre dans ses veines le coeur subtil du temps, cultiver cet état limite, mince ligne de crête entre ennui et pure joie d’être. Cet état où le simple fait de regarder le ciel, le feuillage d’un arbre, un oiseau marchant sur le toit, nous apporte la preuve que tout nous est donné à tout instant, et que vraiment rien d’autre ne nous est désormais nécessaire…”

Partir sur les chemins, in Séparations

Il est possible de lire l’intégralité d’une nouvelle de ce recueil, et d’autres extraits, en tapant DIAZ Michel sur Wikipédia, puis ce nom sur Amazon.

Pour commander cet ouvrage:

* s’adresser aux Editions L’Harmattan, 5-7 rue de l’Ecole Polytechnique, 75005 Paris ou   diffusion.harmattan@wanadoo.fr

* ou le commander directement en librairie