SANS TITRE 2 – (Approches du visage) – Editions Label-Martin Decrouy (2014)
Peintures de Laurent BOURO, textes de Michel DIAZ
Présentation de l’ouvrage:
Depuis quelques années, dans les textes qu’il a consacrés à d’autres artistes, photographes ou peintres, Michel Diaz interroge, à travers leurs images, ce qui, au-delà du regard, constitue la part la moins saisissable de l’intimité du réel.
Depuis quelques années, dans un style proche de l’expressionnisme, violent, fougueux et sans concessions, Laurent Bouro explore le visage humain, obsessionnellement. Son œuvre est peuplée de visages imprenables, effacés et empreints d’une profonde solitude intérieure, pleine de silences vibratoires.
Les portraits de L. Bouro, comme le souligne l’auteur, posent l’éternelle question de la figuration originelle du visage et de son impossible représentation, tout comme ils posent l’énigme que constitue le visage de « l’autre ».
Pour toucher du doigt ces visages et en déchiffrer le silence, M. Diaz réussit le pari d’apaiser les masques de l’effroi et de lentement soulever leur voile de mutisme, de les ouvrir à ce qui fonde notre humanité. Car c’est toujours du noir que jaillit la lumière.
Agathe Place, préfacière de l’ouvrage
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Extrait de l’ouvrage (p. 10):
A chaque pas qu’on fait, croyant d’abord s’en approcher, celui qui se tient là recule, nous maintenant toujours à la lisière d’une vérité indéfiniment compromise – qu’on soupçonne bientôt d’être l’exercice d’un jeu cruel. Chemins vers ce qui nous ressemble, qui ne devraient qu’être évidence et qui ne sont qu’énigme.
Impassible visage d’idole dont les portes sont gardées closes par un mur empierré de silence et un nœud informe de fil de fer. Scellées à toute approche, comme une mortelle demeure.
Visage d’outre-ici dont on hésite prudemment à interroger le regard, à braver les yeux sans lumière, et devant lequel on se tient comme sur un bord abrupt de falaise. Sans trouver ce foyer de clarté autour duquel s’ordonne toute vie.
Visage ancré, tous feux éteints, dans la rade grise de son absence et les anfractuosités profondes de son crépuscule, faisant corps avec la distance qui le sépare de ce nom auquel nous ne pouvons donner que celui qui s’écrit sans nous, quelque part dans ce tremblement de l’air et dans l’inaudible murmure de ses syllabes.
Visage qui demeure, en vérité, non vraiment dans l’absence, mais plutôt dans l’étrange existence de son retrait du monde, comme un couteau planté au cœur de nos questions.
Lourd de l’inconnaissable qui émerge du fond de nos sommeils.
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Format 21×14,8cm, 40 pages – Editeur label-Martin Decrouy, Paris – ISBN:978-2-9544501-1-7
Prix vente public : 15 €.
Bibliophilie : cette édition comporte un tirage de tête de 25 exemplaires accompagnés d’une encre originale de l’artiste.
Pour commander l’ouvrage, écrire à l’éditeur (frais de port 1 €): Editions label-Martin Decrouy, 1 place Rodin – 75016 PARIS
En dépôt à la galerie La Boîte noire, 59 rue de la Victoire, Tours
Cher Michel Diaz,
Merci pour votre nouvelle note de lecture, que je retiens pour publication in Diérèse opus 78. Vous dire aussi combien j’ai apprécié votre livret « Sans titre », où la lumière le dispute superbement à l’ombre (j’ai repensé, le lisant, au livre de Christian Bobin paru aux Lettres Vives, « L’Autre visage »). J’en retiens cette phrase : « La cécité, parfois, est signe de voyance, chemin vers ce rivage dont nous sommes d’abord exilés. » J’y ai retrouvé des images qui me parlent directement, cette part manquante qui est l’objet votre quête (notre lot commun).
Très cordialement,
Daniel MartinezDiérèse et les Deux-Siciles