Lichen n° 14
Michel Diaz, 2 poèmes sans titre extraits de la suite Dans l’inaccessible présence
Comment dire
usant de quel mots
à ceux qui viennent
ces millions d’êtres à venir
pour leur dire
qu’ils sont les maillons
de ce qui nous retient
dans la chaîne des jours rugueux
et dans les ruines
peu à peu
Ce qui aussi
inscrivant ces repères
les retenant
ce qui
sans eux
mourant s’effacerait ?
* * *
Le silence à la nuit
éloigne les nuées
Assomption pourtant sans ferveur
qui rejette la terre
à son opacité
L’esprit
qui veille sous la lampe
cherche vers quel néant
restera un peu de lumière
Sa vêture
et son poids de chair
désespèrent les ailes de l’ange
que la rêverie d’abord
lui donnait
Nous reste malgré l’ombre
qui descend sur les tuiles des toits
ce ciel d’étoiles sombres
comme l’espérance
qu’après la nuit viendra un autre jour
et que quelque soleil pourra
en se levant
aiguiser
de nouveau pour nous
les couteaux de l’aurore