La Nouvelle République, 9 Mai 2012

MICHEL DIAZMichel Diaz : une vie d’écrivain

Parfois poète, parfois dramaturge…
Michel Diaz est un auteur tourangeau qui,
à 64 ans, semble avoir trouvé une troisième voie dans l’écriture de nouvelles.
Le deuxième recue
il de nouvelles de
Michel Diaz est paru en février dernier aux Editions L’Amourier.


« J’ai toujours écrit. Dès l’adolescence, j’ai commencé à écrire mes premières pièces de théâtre ». Michel Diaz est un passionné des mots. L’écriture est le fil conducteur de sa vie, « un chemin de vie » même, dit-il. Depuis son enfance en Algérie en passant par ses études à Rouen, puis à Orléans, jusqu’à ses années d’enseignement en Touraine… Au départ, il ne s’intéresse qu’au théâtre et à la poésie, « l’un étant extrêmement lié à l’autre » selon lui. Mais il faut avancer avec humilité : « imposer un style, un univers littéraire personnel, faire accéder une oeuvre à une forme de reconnaissance n’est pas chose aisée, cela n’est réservé d’emblée qu’à quelques élus. J’ai connu, avec le théâtre, quelques bonheurs mais surtout pas mal de déboires», explique-t-il : les pièces qui restent dans les tiroirs, les portes des éditeurs qui ne s’ouvrent pas ou si peu, les producteurs et comédiens qui refusent ou hésitent à jouer ses pièces… Certaines seront néanmoins mises en scène ou diffusées à la radio, et quelques-unes publiées.

La nouvelle comme une renaissance

En 2007, Michel Diaz se détourne de l’écriture théâtrale et, pour un temps, de la poésie. Il s’essaie alors à un tout autre genre : la nouvelle. C’est l’envie de raconter des histoires qui le motive, «mais pas des romans de 300 pages, j’aime les histoires aiguisées en lame de sabre. Pour jouer sur l’émotion, il faut que ce soit court et dense.» Il écrit un premier recueil, « Séparations », sur le thème de la rupture affective. « A deux doigts du paradis », son deuxième ouvrage, est également thématique, mais évoque cette fois la notion de passage, «ces moments où la vie bascule, devient trouée sur l’inconnu, quand on ne sait plus brusquement où l’on va.» Concept abstrait ? Peut-être en apparence, mais ce n’est pas la volonté de l’auteur. Il veut parler « des petits drames quotidiens qui, parfois, font de nos vies une tragédie. » Pas question pour lui de héros romanesques. «Ce qui m’intéresse, ce sont les personnages anonymes, ceux que l’on côtoie tous les jours et qui s’inscrivent dans la réalité de la vie, luttent pour exister. Car la vie est une épreuve difficile, à tous points de vue .» Il précise encore : « J’aime cette réflexion de Stéfan Sweig qui disait que l’écriture d’une nouvelle était chaque fois, pour lui, comme une lucarne qu’il ouvrait sur l’âme humaine. » Il s’inspire de son entourage, de ses rencontres, puise évidemment aussi en lui-même, pour écrire les neuf nouvelles de l’ouvrage. Souvent dramatiques, parfois avec une pointe d’humour, ces histoires finissent rarement en « happy end ». «Je n’aime pas laisser le lecteur dans le désarroi, souligne-t-il, mais même si elles ne finissent pas nécessairement bien, je veux montrer que les personnages restent dignes et combatifs, s’efforcent de toujours faire face, d’être à hauteur d’homme

« A deux doigts du paradis », éditions L’Amourier, 18 euros.

Léa Morillon

– Photo NR (Patrice Deschamps)