Extraits de la suite « Né de la déchirure » :
Haut et bas. Ciel et eaux.
Entre eux deux, cet espace où s’exorbite la pensée, vers l’infini du bleu où elle s’enfonce en nageant.
On regarde. On ne pense plus. On est dans l’indolore d’un instant sans fêlure qui ne doit jamais s’achever. Dans le cristal d’un temps où toute parole s’est tue. Un temps d’avant toute mémoire, et d’après l’ultime silence.
On a, au bout des lèvres, un horizon d’immense solitude. On est devant sa mort comme devant un linge neuf dans lequel on va s’engloutir, avec tout l’univers, délicieusement.
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Après le noir du rien, le blanc du vide, ces pleins d’avant toute conscience, c’est le bleu qui noie nos regards. Forge ouverte sur le théâtre des grands larges du ciel.
A lui, de donner au matin son allant de lumière et au soir sa goulée de vent, à la nuit l’envol de nos yeux entre air et terre, terre et mer, mer et songe, ici et ailleurs.
Dès lors, il nous suffit que battent une seule fois nos paupières, que se posent nos yeux sur ces minces ramas de lignes pour qu’en nous s’installe un silence qui dit, sans poids, sans bord et sans appui, ce qui ne se confie qu’au verso de la voix, de l’inconsumable du feu du secret des choses, l’écho d’un sang profond où bat le pouls du monde.