Notes de lecture à propos de « Sous l’étoile du jour »

Notes de : Alain Freixe, Bernard Fournier, Pierre Dhainaut, Michel Passelergue

Michel Diaz, Sous l’étoile du jour, Rosa Canina éditions (2023)

Alain Freixe, pour Terres de femmes, sous réserve de publication

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Michel Diaz, Sous l’étoile du jour, Rosa Canina, 2023, 80 p. 20 €.

Note de lecture de Bernard Fournier, publiée in Poésie/première N° 86 (sept. 2023)

Voilà un livre envoûtant! Une poésie d’exigence, d’une belle intériorité dans la figure même du Dehors…

Dans Le Verger abandonné Ulysse ne revenait pas dans sa patrie. On retrouve, ici, cette perte du pays premier, « royaume défunt ».

Le livre commence par « Pierre du vent », sorte d’art poétique : « rien, il le sait, ne lui sera donné qu’il ne devra, de ses lisières ramener par fragments ». Tout est là, la difficulté d’écrire, le combat lors des randonnées et ce mince espoir de revenir avec des bribes du poème attendu, voulu, souhaité : « faire apparaître ce qui [se] trouve enclos, caché au fond de son silence », venu de la mémoire perdue, des « territoires de l’enfance », « jardin perdu ». On appréciera cette formule : « Écrire contre soi, un canif enfoncé dans le cœur » qui en dit long sur la souffrance d’écrire.

Puis vient « Sous l’étoile du jour », long poème en prose d’une cinquantaine de textes. On retrouve la tentative d’un art poétique, maintenant selon le rythme de la progression physique de « l’homme qui marche », « debout, assis, dormant », qui « va, sur ses terres d’incertitude, son unique patrie ».

On écoute, plus qu’on ne lit, ce poème qui nous parle de la difficulté d’être autant que celle d’écrire, avec « quelques mots enfoncés dans sa poche », venus d’une « langue perdue ». On est soi-même cet homme devant « la fenêtre nue » qui « jette des mots dans le vide comme on lance un caillou à la face du ciel », « ce passant » qui « dans l’espérance d’une porte » cherche « les mots tapis sous la langue ».

Ainsi que le dit Alain Freixe dans sa préface, « la langue de Michel Diaz […] redresse en nous cette part d’humanité, notre chance toujours menacée. »

Bernard Fournier, pour Poésie/première

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Michel Diaz, Sous l’étoile du jour, Rosa Canina, 2023

Sous l’étoile du jour, voilà un livre dont la lecture nous permet d’échapper – ce n’est pas souvent – aux poncifs et platitudes qui pullulent aujourd’hui. En tout cas j’y entends une voix, une voix dont je me sens proche, dont l’obstination n’a d’égale que l’intensité.

C’est la voix rauque de l’écriture même qui vient des profondeurs, qui « à l’infini » réinvente son horizon, jamais satisfaite évidemment, jamais complaisante. Elle est celle en effet, de « l’homme qui marche ». (Comment ne pas penser à la sculpture emblématique de Giacometti ?)

Ce livre – et ce n’est pas souvent non plus – convoque le monde, tel qu’il va, se poursuit, et s’abîme autour de nous, un peu plus chaque jour. Cette parole lucide et sans faux-fuyant est tout à l’honneur de l’auteur. Mais la force de la poésie consiste comme c’est le cas ici, à ne jamais renoncer à ce qui nous reste d’espoir, à affronter le monde, la tête haute et le regard droit. C’est en cela que les mots nous sauvent.

Et puis cette Etoile du jour est une très belle réalisation éditoriale. Je ne connaissais pas cette Rosa canina de Lodève. De plus, une association qui s’appelle « Rouge aubépine », voilà qui fait plaisir à imaginer…

Merci, cher Michel, de m’avoir permis de lire ce livre nécessaire.

De tout cœur.

Pierre.

Pierre Dhainaut (correspondance)

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Michel Diaz, Sous l’étoile du jour, Rosa Canina, 2023

      Votre double ensemble de proses, Pierre du vent / Sous l’étoile du jour, nous entraîne une fois encore dans une inlassable quête de la voix poétique, pour reprendre les termes employés par Jean-Louis Bernard (ami fidèle avec qui j’entretiens une correspondance régulière depuis des années).

Il s’agit bien d’un exode sans fin vers le lieu d’où tout procède, vers la parole d’avant les mots. Peut-être aussi sous les mots.

Approche (sans avoir la certitude d’atteindre le but) d’une parole perdue, peut-être retrouvée, incendiée dans sa lampe d’ombre. On pourrait relever quantité d’images semblables qui donnent le sentiment – très juste – de frôler sans cesse la présence-absence. Non pas en célébrant le néant, mais en demeurant à la proue de l’imprévisible, pour vivre plus vivant.

C’est donc bien sous l’étoile du jour que doit se poursuivre, sans fin, la quête du poème, afin de donner voix à tout ce qui n’est pas, et chair à l’indicible.

Un rayon de jour vient donc se glisser dans les mots.

Cher ami, je ne pouvais qu’être infiniment touché par ce très beau livre, qui est comme une ode à l’espoir.

La poésie ne saurait vivre sans ce grand écart que vous illustrez avec tant de ferveur.

Michel Passelergue (correspondance)

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