L’Insurrection, de Michel Diaz.
Une pièce (un récitant, un choeur de femmes) qui semble vouloir renouer avec la forme de la tragédie primitive. Et le sujet se prête au genre de la tragédie: l’insurrection algérienne, la guerre et le déchaînement de ses violences: « … 1er novembre 1954. La Nuit de la Toussaint. Le passage à la lutte armée. Le commencement de la guerre… C’est là que tout a commencé… »
Ce texte, conçu pour la scène, se prête au traitement sonore qu’exige une dramatique radiophonique puisqu’il en contient déjà tous les éléments. Il n’y perd aucunement en intensité. On est alors, devant son poste, comme à l’écoute du chaos qui secoue le monde, car cette guerre-là c’est aussi l’écho de toutes les autres qui ne finissent pas de le faire trembler.
La forme dramatique utilisée ici, « décapée jusqu’à l’os », et en rupture avec les formes plus traditionnelles du théâtre, s’apparenterait à celle du récitatif ou du poème dramatique, mais nous n’en sommes pas moins attentifs à une action dont le jeu sur les rythmes nous maintient jusqu’au bout sur les crêtes de la tension.
Dans le rôle principal du récitant, S. Amidou qui doit certainement renouer avec d’autres souvenirs de théâtre puisqu’il a créé le rôle de Saïd dans Les Paravents de Jean Genet, au début des années soixante. C’est lui qui porte le texte de M. Diaz sur les épaules, à bout de voix, avec des accents de révolte et une émotion retenue qui ne nous laissent pas indifférents, nous touchent même au plus profond.
Réalisation Jacques Taroni, France-Culture, lundi 4 novembre 1986, 20h 30.