La Croix, 8 mars 1989

Le Dépôt des Locomotives au Nouveau Théâtre Mouffetard

    Bien sûr, le sujet n’est pas très neuf: deux pensionnaires pour maison de repos entre mouroir et prison – de ceux qui “se cramponnent”, qui “s’agrippent” – décident de s’évader et prouvent, tout au long de cette folle cavale, que l’aspiration à la vie n’est qu’une question de désir et de respiration. Bien sûr, l’écriture de Michel Diaz, un rien apprêtée, fait, dans un premier temps, un peu avant-garde désuète – ô héritage de Beckett, Ionesco… voire Arrabal. Pourtant, malgré ces réticences que l’on finit par abandonner car la langue est forte et belle, on se laisse prendre à cette fuite d’amour et de mort moins réelle que rêvée. Cela tient aussi à la mise en scène de Georges Vitaly, discrète mais efficace dans son élégante manière de canaliser les coulées éruptives du texte. Cela tient encore aux têtes d’affiche sur le plateau: François Perrot et Maria Casarès. Lui, héros fatigué, jouant les mots, les idées qui lui viennent comme s’ils venaient de naître dans sa tête. Elle, magnifique comme il se doit et toujours aux aguets, vaticinant en silence ou savourant à l’avance, oeil mi-clos, sourire aux lèvres, le verbe qu’elle appelle de si loin et qu’elle profère. Rien que pour la voir et pour l’entendre, ce spectacle vaut la peine d’être vévu…

D. M.