Pierre Fuentes, plasticien, et Michel Diaz, écrivain, ont uni leurs talents pour publier un livre. Images pour le premier et, pour le second, des textes qui les accompagnent.
Ainsi est né « Juste » au-delà des yeux » qui paraît aux éditions tourangelles La Simarre :
« Ce sont des séries de photos en numérique de Pierre, qui représentent des natures mortes », rappelle l’écrivain tourangeau, auteur de nombreux ouvrages, poèmes et romans.
L’œuvre évolue au fil des séries présentées. L’artiste a d’abord utilisé le noir et blanc, ce qui lui a permis de travailler les contrastes entre ombre et lumière, sur ces végétaux qui restent parfaitement reconnaissables dans cette mise en scène. Dans la deuxième série, le photographe passe à la couleur et le réalisme subsiste mais les végétaux commencent à se décomposer.
« Tout ce qui vit meurt un jour »
Leur métamorphose est entamée. La troisième emmène vers un travail pictural des lumières, des volumes, proche de l’abstraction et l’on est loin du réalisme des premières images. Les fruits sont absorbés par les ténèbres mais une petite lumière subsiste dans un coin : « Ces végétaux sont comme des corps, des êtres vivants, des personnages mis en scène et mes textes sont des monologues qui raconteraient une histoire, une tragédie et j’ai essayé d’entendre ce qu’ils disaient. Ils parlent de notre sort : tout ce qui vit meurt un jour », explique Michel Diaz, pour toute forme de réponse.
L’inquiétude s’apaise et, après la révolte, les angoisses, vient la sérénité… Mais ce n’est pas désespérant car le vivant ressuscite. Parfois, sous une autre forme ? « Ces végétaux portent en eux les germes de leur résurrection avec leurs graines. Ils doivent mourir pour renaître. »
Pour l’écrivain, les mots semés, les œuvres écrites, eux non plus, ne meurent jamais :
« C’est la force de l’esprit qui triomphe de la mort », conclut l’écrivain.
Correspondante NR : Marie Gosselin