Au risque de la lumière
Michel Diaz – Léon Bralda
Editions Alcyone (2023)
Note de lecture d’Antoine de Matharel, publiée in Poésie sur Seine N° 111 (décembre 2023)
« L’existence est une énigme », écrivit Andrée Chédid, citée par les auteurs en tête de cet ouvrage. Homme de théâtre l’un, artiste l’autre, mais tous deux poètes, Michel Diaz et Léon Bralda se donnent la main pour rechercher ensemble la clef de ce mystère qu’est celui de notre présence en ce monde et du sens qu’il convient de lui donner. A condition bien sûr… que ce sens existe ! Itinéraire difficile en vérité, « chemin de croix », parfois, semé de pierres ; l’un « parle d’une voix libre d’aller dans l’aube de ses mots et d’écrire un secret aux pages du chemin », l’autre « va, sur ce chemin, balayé de cendres nomades, dérouté souvent de lui-même, comme quelqu’un trébuche sur l’énigme de cette ombre qui le précède ».
Au cours de versets magnifiquement peuplés d’images saisissantes et rythmés d’anaphores, où se succèdent l’éclat de la lumière, la noirceur des gouffres, le silence éloquent des pierres et la fécondité des souvenirs, les poètes nous proposent de « suivre (leur) chemin à la croisée des nuits qui mènent à délivrance, excaver cette obscure clarté scindant l’espace où le miroir accueille un soleil effondré ». Que ce chemin soit sans issue semble pour eux une évidence, pourvu qu’en compensation les mots, le poème, le « flot d’images », « l’écluse des mots qui accordent leur temps aux soies de nos consciences », permettent au « pauvre errant » « d’aller vers l’inconnu » pour entendre, au sortir des ombres, « ce chant d’humaine joie conquise sur l’obscur, pour que se fasse enfin, au risque de la lumière, le fruit fécond de nos silences à venir ».
Antoine de Matharel