L’Insurrection, de Michel Diaz.
Bruits de fusils automatiques, de mitrailleuses, d’explosions de grenades, cris, hurlements, appels, you-you des femmes… En arrière-fond sonore, le fracas pétrifiant de la guerre, de n’importe laquelle, la rumeur de la violence qui monte vers son paroxysme, et aussi, tout au long du texte, le silence nocturne, palpable dans les souffles retenus, où monte lentement l’insurrection.
Un homme se souvient. De la guerre d’Algérie, de l’insurrection, des ratonades, des exécutions réciproques, de la peur, de la haine.
“… Se souvenir. Comme on essaie de déchiffrer une blessure. Se souvenir, malgré l’oubli et ses brisures répétées, sur lesquelles s’acharne la mort… Se souvenir. Et continuer d’avancer.”
Le passé qui revit est en lui-même profondément émouvant. Ce qui est encore plus attachant dans cette “dramatique” élaborée avec la participation de la Direction du théâtre et des spectacles, c’est la tentative faite par Michel Diaz, et au demeurant réussie, d’ouvrir un dialogue entre la mémoire collective et la mémoire personnelle. Ainsi le souvenir n’est plus un vain retour sur le passé, mais recherche d’une continuité dans la fuite même du temps.
Réalisation de Jacques Taroni. En stéréo pour Paris. Avec S. Amidou, C. Hamsy, Amzel, M. de Charette. France-Culture 20h 30.
André Alter