La source, le poème : porte-folio numérotés de I à IV, publiés aux Cahiers des passerelles, gravures sur bois de Lionel Balard, juin 2020
frondes vert pâle des fougères, flammes jaunes des iris d’eau
suintement de source avare, bégayant dans son cercle de pierres, un ruisselet aveugle, ses errements dans l’herbe, tâtonnant parmi les orties, le détour d’un temps suspendu
un instant de la vie qui se rêve, de l’instant qui s’écrit
le risque d’une unique voix que personne ne peut entendre
* * *
née du roc et soustraite à la nuit
verte et sombre sous la voûte des arbres, taraudant ce retrait de jour seulement habité du discours invisible des passereaux
déjà s’éclaire d’un scintillement parjure, glisse, s’avance dans l’entaille, à peine une échancrure dans la terre, une pincée de sable pauvre pour quelques poignées de gravier
son murmure de clair silence, un défi à la langue des hommes
– retenir la respiration, de crainte d’éloigner ce qui se joue, fugace, entre les lèvres de la pierre et dans l’entrelacs des racines