E X P O S I T I O N
LES SINGULIERES
CORRESPONDANCES DE DANIEL
LEUWERS
Lettres et enveloppes peintes à la
manière des livres pauvres
PRESENTEE A LA MEDIATHEQUE
D’HERBES
Du 21 septembre au 29 octobre 2016
Une création originale pour les Correspondances
Manosque – La Poste 2016
PREMISSES DU « MAIL ART » ET DU « PLACARD »
Conçu dès son origine,en 2002, comme un objet « hors commerce »
destiné à être montré au plus large public possible, le
« livre pauvre » (pauvre par le peu d’investissement financier
qu’il nécessite, mais riche par le mariage entre l’écriture
manuscrite du poète et l’intervention originale de l’artiste) a
mis un certain temps pour trouver sa forme idéale. Des livres
de plusieurs pages ont été lancés, bientôt suivis par la
formule minimale d’une simple feuille de papier pliée en 2, 3,
4, 6 ou 8. De plus en plus clairement, s’est imposée une feuille
disposée à l’horizontale, rapidement concurrencée par une
feuille disposée à la verticale. Le concept de « placard » se
faisait jour, dont la présente exposition se propose de montrer
les prolongements et les métamorphoses.
Dans le même temps, le recours au « mail art » (des enveloppes
peintes) est apparu comme une possibilité ludique de
« correspondre » avec le lecteur -ce « semblable », ce « frère »
comme l’a défini Baudelaire qui n’est pas pour rien l’auteur du
poème « Correspondances »…
Parmi les premières manifestations de « mail art » au sein du
livre pauvre, on remarquera compositions savoureuses de Coco
Téxèdre, Raâk, Stéphanie Buttay, Céline Malnoë. Les poètes
ne sont pas de reste dans les collages cocasses de Werner
Lambersy, du « gendarme » Charles Pennequin ou de Julien Blaine,
l’un des adeptes les plus actifs du « mail art » avant qu’il ne
s’en départisse définitivement (on verra sa position au terme
de la présente exposition).
Coco Téxèdre
REPONSES DES ARTISTES ET DES POETES POUR LES
PRESENTES CORRESPONDANCES
A l’occasion du Festival des « Correspondances » de Manosque,
Daniel Leuwers s’est proposé de susciter des créations
originales -qui pourraient se poursuivre d’année en année.
Elles participent, bien sûr, du « mail art » mais ont tendance
à s’orienter vers le « placard » (la poésie qu’on placarde pour
lui donner plus de relief et comme pour la pousser à être dite
à voix haute).
Le Mail Art
L’oeuvre est réalisée à un exemplaire unique (alors que le
livre pauvre peut comporter de 2 à 7 exemplaires à partager).
C’est une enveloppe peinte, enluminée, assortie d’éléments
incontournables comme le libellé de l’adresse, le choix du
timbre, le cachet de la Poste).Le peintre belge Roger Dewint
(nombreuses expositions à la Wittockiana de Bruxelles) est un
maître dans cette discipline où l’ont rejoint de nombreux
artistes comme Coco Téxèdre, Laurence Imbert, Alain Suby, Hamid
Tibouchi, Mylène Besson, Irène Boisaubert, Stéphanie Buttay,
Liliane Safir, Mylène Gratien, Yves Conte, Martine Jaquemet et
quelques anonymes, sans oublier le poète Frédéric- Jacques
Temple.
Correspondances sur des supports plus rigides.
Pour certains artistes, l’enveloppe est apparue comme trop
fragile. Ils ont opté pour l’utilisation du carton, d’une
couverture, d’un assemblage de cartes postales. On peut ainsi
admirer les compositions ludiques de Dominique Penloup, Max
Partezana, Christophe Massé, Enan Burgos (le support est une
boîte de médicaments) ou les assemblages avec plumes de Jacques
Riby, un véritable jeu de question et réponse conçu par Claude
Faivre et la réaction de Patrick Dubost à un envoi de Armand le
Poète.
Les lettres « ouvertes »
Si les enveloppes en papier ou cartonnées sont
extérieurement intéressantes, elles valent aussi par leur
contenu. Le singulier Thierry Lambert ficelle son enveloppe
cartonnée et demande qu’elle soit dénouée pour faire surgir
un sien poème sous l’égide du chamanisme. Quelques textes de
poètes ont été choisis et glissés sous ces enveloppes :
Claude Guerre par Wanda Mihuléac, Alphonse Allais par Erolf
Totort, Jacques Roubaud mis en lumière par Klasien Boulloud,
Baudelaire honoré par Stéphanie Buttay, sans compter quelques
envois anonymes. Le plus souvent, l’intérieur des enveloppes a
servi de support aux poèmes, à l’aide de déhanchements
savants. Comme si le contenu et le contenant ne voulaient se
dissocier.
Le don d’une oeuvre originale
Participer à l’aventure des
« Correspondances » a été
l’occasion pour quelques artistes de
glisser une oeuvre originale : une
carte peinte pour Philippe
Hélénon, une composition dont la
large portion blanche semble vouloir
aimanter l’écriture pour Max
Partezana, et les envois de Wanda
Mihuléac, Nicole Sottiaux, Sandrine Manuel, Jeannine Diaz-Aznar
ou bien Francis Coffinet et Jean-Luc Guin’Amant (texte et
peinture mêlés). Des enveloppes originales ont souvent servi
d’écrins.
La contribution des poètes
C’est sur une feuille de papier à lettres traditionnelle que
certains poètes ont succinctement confié ce que le mot
« Correspondances » évoquait pour eux (Zéno Bianu, Jean-Pierre
Geay, Michel Diaz, Frédéric-Jacques Temple, mais aussi le
peintre Yves Conte).
D’autres ont simulé une correspondance (ainsi de Bernard
Chambaz s’adressant à l’écrivain italien Sandro Penna, ou de
Jean-Pierre Verheggen à destination de Jean Giono tout autant
qu’au polémiste du XIXème siècle Paul-Louis Courier, écrit
évidemment, circonstances obligent,
Paul-Louis Courrier…
Jean-Pierre Verheggen a tenu compte de
la ville de Manosque, pierre angulaire de
l’aventure, tout autant que Daniel
Leuwers lorsqu’il évoque sa lettre
envoyée à 15 ans à l’auteur de
« Colline ».
Julien Blaine en profite, lui, pour se
démarquer du « mail art », genre qui
lui semble s’être quelque peu épuisé. La répétition n’est
jamais bonne conseillère en matière artistique.