La source, le poème – Michel Diaz/Lionel Balard (mars 2021)

Textes de Michel Diaz, gravures sur bois de Lionel Balard, édition courante, éditions Les Cahiers des passerelles, mars 2021 (70 ex.)

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Gravure sur bois de Lionel Balard

Extraits du texte :

frondes vert pâle des fougères, flammes jaunes des iris d’eau

suintement de source avare, bégayant dans son cercle de pierres, un ruisselet aveugle, ses errements dans l’herbe, tâtonnant parmi les orties, le détour d’un temps suspendu

un instant de la vie qui se rêve, de l’instant qui s’écrit

le risque d’une unique voix que personne ne peut entendre

* * *

née du roc et soustraite à la nuit

verte et sombre sous la voûte des arbres, taraudant ce retrait de jour seulement habité du discours invisible des passereaux

déjà s’éclaire d’un scintillement parjure, glisse, s’avance dans l’entaille, à peine une échancrure dans la terre, une pincée de sable pauvre pour quelques poignées de gravier

son murmure de clair silence, un défi à la langue des hommes

– retenir la respiration, de crainte d’éloigner ce qui se joue, fugace, entre les lèvres de la pierre et dans l’entrelacs des racines

Une réflexion sur « La source, le poème – Michel Diaz/Lionel Balard (mars 2021) »

  1. Michel Diaz Auteur de l’article

    […] Maintenant passons à « La Source, le poème ». Quelle belle métaphore ! Je ne suis pas certain d’avoir déjà rencontré cette alliance de l’inspiration et de la source, du moins de cette façon à la fois très réelle, concrète et très poétique. On a là un souffle évident à longues laisses comme celle-ci où sont évoqués les « consulats de différents soleils « liés aux « milliers d’années » comme aux « chants nouveaux ». On retrouve les pierres et leurs « vertèbres ». Vous parvenez à dire les moments ineffables de l’inspiration, cette « parole imprononçable encore mais constante, simple et soyeuse, où se dit l’éphémère de l’être-au-monde ». « Se dérobe le souffle des mots sur la peau palpitante de la lumière, « Mots à peine » « cherchant une prière » « ces éclats d’indicible murmure, offerts aux lèvres su secret ». Vous avez su dire là ce qui est difficile à cerner. « Ainsi vont ces images […] qui s’écrit sans nous » Et vous demeurez dans l’humilité (ici on devrait dire la fluidité).

    Texte bref, lui aussi fluide et qui tente de mimer cette fluidité, pour mieux rendre compte de la fluidité, de l’éphémère de la parole. Après la première surprise, le premier éblouissement, c’est vraiment un ravissement que de vous suivre à vau l’eau dans cette quête impossible de la parole, dont on devine cependant qu’elle est là, sous nos yeux, dans l’écriture qui se fait.

    Et puis vient Concerto où nous apparaissons presque ensemble dans la « victoire inglorieuse du doute et de l’incertitude ».

    Quelle précision que « cette heure » dont on ne sait rien d’abord mais dont on devine tout. Où l’on retrouve La source le poème dans la « source tremblée » des « voix jetées sur des jardins fantômes » ; « mais on écrit avec l’absence, comme l’on écrit avec l’eau ». Et j’entends ces belles métaphores, « les hanches du vent », « la friche des jours ».

    C’est une belle manière de refaire vivre « l’enfant d’une nuit d’Idumée » avec dans le « lever du jour » le « sel tombé des paupières ».

    Au contraire de mes statues, il me semble qu’il faille, non, vraiment, je m’arrête volontiers à chaque paragraphe/ strophe, pour en éclaircir le sens, en apprécier la teneur. J’aime ces moments où la clarté devient possible, où le brouillard s’efface.

    Car cette prose aime à retenir le lecteur pour lui susurrer à mots couverts ses secrets.

    Voilà en peu de mots mon ressenti à la lecture de ces deux textes.

    Je reçois presque en même temps, un autre opus de cette collection, le texte de Jean-Louis Bernard Marche à contre espace » ; il m’invite même à y participer. Pourquoi pas ?

    Mais sont-ce des livres à part entière ? en cas je peux aussi en faire un compte-rendu pour Poésie/ première, n’est-ce pas ?

    Bien amicalement

    Bernard Fournier

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