Prix : 14,00 € 13,30 € EAN : 9782364180536
Format 14,5 x 20 centimètres 130 pages Couverture quadrichromie Reliure dos carré collé Collection “ Fonds Poésie ” ISSN : 2117-5470 Dépôt légal 1er trimestre 2019 |
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Biographie et bibliographie de l’auteur
Propos du livre
Ces textes se sont invités à mes marches en solitaire, écrit Michel Diaz dans son avant-propos. Marches entreprises sans contrainte, mais dans une inattendue et urgente nécessité, et qui, de soi à soi, finalement, se révèle être un lent retour. Avec un autre visage.
Les marches de Michel Diaz l’arrachent toujours à ce qu’il y a d’orienté, de connu dans les déplacements, les simples promenades. L’auteur dit être pris, en marchant, dans un rythme qui ouvre l’air à l’espace. Alors émanent dans le souffle les fulgurances de l’imprévisible, les tremblements du corps, le lancinement d’anciennes douleurs refoulées dans les soutes de la mémoire. Il faudra s’enfoncer dans de longs silences pour qu’une parole, inaudible rumeur, advienne en poésie…
Extraits
De la mer, on peut voir la coquille ronde des vagues et, de la houle qui les porte, à fleur de râle, l’épiderme rugueux raboté par le souffle du vent.
Du haut de la falaise on peut compter, à sa surface, les miroirs, croquis et tatouages éphémères continuellement réinventés par les rayons obliques du soleil.
L’air est si bleu, si lent le ciel, que mouettes et goélands se fanent en plein vol, au sommet de l’instant qu’on a cru arrêter.
Appas de jour, doigts de lumière, lèvres d’écume, plaques d’azur étalé sur une poitrine qui, à coups lents, respire comme quelqu’un se tient aux portes du sommeil.
Dans cet entre-deux de conscience, on saisit le corps malléable d’un temps qui s’abandonne, on laisse son baiser s’imprimer sur nos lèvres, sans rien atteindre de sa vérité ni de son intime substance.
*
Au nord se brise le tranchant de la vague écumeuse. Du silex à fleur d’eau, un bouillonnement d’écueils ensablés.
Fusion du ciel et de la mer. Le vent fait son travail, soulage les creux des vagues, la pointe des roches mordues par le sel de la soif.
Des vagues de lait se succèdent. La chair meurtrie des côtes porte les cicatrices de leur effroyable labeur. Quel en est le sens pour les flots qui continûment la harcèlent ?
Je suis ici sans pouvoir bouger ni guérir, lourd du plomb d’un secret qui ne se révèle jamais, seulement sidéré par la clarté du jour.
Près de moi, la mer, plus riche que tous les autres langages. À elle seule, tous les mots, toutes les chansons, toutes les larmes et tous les cris !
La roche vivante reçoit dans son lit la vivante rumeur de l’insaisissable, et sa peau visqueuse n’est plus qu’une plaie, effilée et grinçante.
Comment peut-elle, la mer, en son impermanence, semer autant d’écume sur les îles inertes de ma peau et gaspiller un si grand souffle pour nous soulager du malheur de ce que l’on soupçonne, et peut-être jalouse, de l’éternel ?
*
En bas, monticules et dunes.
Le creux des roches, orné de muscles, s’ouvre sur le vide du ciel. Engendrement furieux de lichens et de schyzopodes. Un seul geste allié à un seul mouvement : glisser ses doigts dans l’eau stagnante où se fond l’azur du silence, se pencher vers plus d’inconnu, jusqu’à toucher le fond de son regard.
Dans les trouées pleines de bave, les cheveux des oscillaires balayent le visage.
Des poissons font le tour du rocher gris qui s’endort, les araignées de mer s’échappent des cages enfouies dans le sable brun et secouent leurs ailes velues.
Chuintement de la marée montante. Lenteur de l’air où l’on se défait doucement de l’inconsolable douceur d’appartenir au temps. Je me tapis en profondeur et j’écoute le souffle rond de la mer qui sourit, à la surface, aux marins disparus. Ceux-là qui, dérivant dans les courants tranquilles, n’auront jamais que cette sépulture et cet horizon de paix sans limite.
*
Cher poète,
vous avez une écriture poétique d’une grande force. Une écriture élancée ancrée aux éléments dans le questionnement inlassable du monde.
Isabelle de Méré Cassin
29/01/2020
Cher Michel Diaz,
c’est avec un certain retard que je reviens vers vous après notre rencontre parisienne de juin 2019.
Votre livre a été pour moi un vrai voyage physique et mental sur les pas de vos errances, sortes de méditations en prose poétique dans les veines desquelles je retrouve parfois des accents de Bonnefoy et de Jaccottet, notamment pour ce qui est de la présence sensible et symbolique des arbres ou des pierres. Ceci dit, j’ai été tout autant charmé par votre capacité de dire verbalement ce « presque rien » fait de » marche » ( et là Rousseau y est pour quelque chose), de rêveries solitaires, de pluies soudaines dans une nature sauvage, celle d’un paysage fondamental où se joue le destin d’un être humain, de sa présence au monde. Ce sont des axes que l’on retrouve en particulier, pour ce qui est de la marche, à la page 25, pour ce qui est du projet d’écriture aux pages 34-35, pour ce qui concerne la question eschatologique de l’errance à la page 114 .
Merci pour cette belle lecture, le don de ce beau livre, sincère et formellement si soigné. Ma pensée amicale vers vous, dans ces heures pour nous tous difficiles.
Fabio Scotto